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La NASA expérimente un potager dans l’espace

Posté le 27 août 2014
par Matthieu Combe
dans Innovations sectorielles

Les missions à bord de la Station spatiale internationale (ISS) étant de plus en plus longues, l'indépendance alimentaire dans l'espace devient un réel enjeu. La Nasa a donc décidé de lancer un programme de culture à bord de l'ISS.

Le 10 juin 2014, l’astronaute Steve Swanson terminait la récolte des premières salades de l’espace ! Cela achève l’expérimentation Veg-01, la première expérience du genre utilisant la  plateforme « Vegetable Production System » ou « Veggie ». « Notre objectif final est la production alimentaire, et Veggie est notre première étape pour que la NASA soit en mesure de réaliser des systèmes de production alimentaire pour l’espace », explique Gioia Massa, scientifique chargée du projet, sur le site de la Nasa. 

Le 18 avril dernier, la capsule Dragon transportant l’appareil et de la nourriture s’était envolée depuis Cap Canaveral, en Floride. Il s’agissait du troisième lancement de capsule Dragon réalisé par la société privée SpaceX pour le compte de la NASA. Veggie avait été intégré début mai au laboratoire européen Columbus de l’ISS.

Une première expérience

L’expérience s’est déroulée dans la chambre de croissance Veggie, sous des LED rouges, bleues et vertes pendant 33 jours. Cette première étude dans l’espace s’est concentrée l’efficacité du matériel Veggie pour faire pousser six plants de laitue romaine rouge dans un environnement de vol spatial. Pour ce faire,  tous les besoins des plantes sont contrôlés et suivis.: aération, chauffage, éclairage, engrais, irrigation…

La culture a été effectuée en apesanteur, ce qui ne semble pas, à première vue, avoir freiné le développement des plantes. Mais la NASA craint que les salades soient un nid propice au développement des microbes présents dans l’espace. Cette fois-ci, les laitues ne seront donc pas consommées par les membres d’équipage. Elles seront congelées à -80°C, en attendant d’être envoyées sur terre à l’automne. Les échantillons seront récupérés lors du quaitrème vol de réapprovisionnement de SpaceX.

Quelles suites pour Veggie?

Le système de croissance Veggie est désormais disponible pour d’autres expériences : plusieurs projets sont actuellement en cours d’évaluation. « Nous avons une liste d’autres cultures qui pourraient bien pousser dans Veggie selon nous », prévient Gioia Massa. « Nous sommes même en train de faire quelques recherches sur les pruniers nains pour voir s’ils pourraient se développer dans Veggie », précise-t-elle.

La prochaine expérience est d’ores et déjà prévue après le cinquième réapprovisionnement de SpaceX. Elle utilisera Veggie pour faire pousser des arabidopsis, des petites plantes à fleurs ressemblant à la moutarde et au chou. L’arabidopsis est d’un intérêt particulier pour les biologistes car son génome est entièrement connu depuis 2000. Toute modification dans son génome à cause de l’environnement spatial serait donc facilement observable.

Veggie pourra ensuite également être utilisé par les astronautes pour des activités de jardinage de loisirs pendant les missions spatiales de longue durée.

Que mangent les astronautes actuellement?

Durant plusieurs mois, les astronautes ne mangent que de la viande lyophilisée et des fruits et légumes en boîte, ce qui ne participe pas au bon moral des troupes… L’équipage reçoit bien quelques fruits et légumes frais lorque les missions de ravitaillement arrivent à l’ISS, mais les quantités sont limités et les réserves sont consommées rapidement.

Les aliments autorisés par la NASA dans l’espace comprennent les produits déshydratés, les produits thermostabilisés en boîtes ou les plats préparés, les aliments à humidité intermédiaire (fruits ou viande séchés), les aliments sous leur forme naturelle (noix, céréales), les viandes ionisées (steaks, fajitas, saucisses…), les condiments (ketchup, mayonnaise, moutarde, sel, poivre…) et diverses boissons (sodas, jus de fruits, café, thé…). Des fruits et des légumes fraîchement cueillis ne seront donc pas de refus !

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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