La pollution de l'air aux particules fines est à l'origine de plus de 3 millions de décès par an et 85 millions d’années perdues dans l’espérance de vie en bonne santé. Des chiffres préoccupants aussi à l’échelle de la France, qui comptabilise environ 11 000 décès annuels directement imputés à une mauvaise qualité de l’air ambiant. Préoccupation mondiale, la pollution atmosphérique génère des contestations citoyennes dans l'Hexagone, signe d’une évolution de la mobilisation d’une partie de la société dite civile.
Un extrait de De la biosurveillance participative de la qualité de l’air par Lionel SCOTTO D’APOLLONIA, Davia DOSIAS-PERLA, Pierre CAMPS, Thierry POIDRAS
Une mobilisation citoyenne est intervenue suite au projet de déplacement et doublement de l’Autoroute A9 au niveau de la commune de Saint-Aunès, à l’Est de la Métropole Montpellier Méditerranée. La crainte des riverains : voir une dégradation de la qualité de l’air induite par l’augmentation du trafic. Ils ont ainsi vu une autoroute passer de 2×3 voies à 4×3 voies. Cette mobilisation a abouti à la création d’un site expérimental dont l’objectif est d’étudier l’impact des haies arborées sur la qualité de l’air. Ce site assez singulier est composé de trois merlons – les parties pleines d’un parapet – arborés, autour desquels 14 filtres passifs NO2 et 8 micro-capteurs de particules fines (PM 10 et PM 2.5) ont été implantés par l’agence de l’air Atmo Occitanie. En effet, l’indice européen de la qualité de l’air se base sur cinq sources de polluants : l’ozone (O3), le dioxyde de souffre (SO2), le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines en suspension (PM 2.5 et PM 10) néfastes pour la santé. De l’anglais « Particulate Matter », elles désignent les particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur respectivement à 2,5 et 10 μm. Ce dispositif a été mis en place dans le cadre d’une étude de suivi de l’impact du doublement de l’autoroute, avec un engagement de traitement et de diffusion des résultats sur une période de 10 ans. Deux stations métrologiques sont également opérationnelles aux abords des merlons.
Un tunnel à vent à portée du public
De plus, un tunnel à vent est conçu de façon à reproduire des conditions atmosphériques similaires à celles présentes à l’air libre. Ce tunnel instrumenté d’une longueur de 6 m offre une section carrée de 0,75 m² suffisante pour placer les végétaux dans un flux d’air dont la vitesse sera régulée. Les composants sélectionnés ainsi que l’architecture du banc permettront de produire un vent dont la vitesse peut varier de 0,1 à 10 m/s (36 km/h maxi). L’accès à la zone d’exposition aux particules est assez grand pour faciliter l’entrée et éviter la « perte » des particules fixées sur les feuilles et les filtres témoins passifs. Un dispositif de comptage des particules est inséré dans le tunnel afin d’enregistrer l’évolution du nombre des particules en amont et en aval des échantillons. Ceci dans le but d’avoir un élément de comparaison avec les mesures faites à l’extérieur. Il est utile également, dans la mesure du possible, d’utiliser en parallèle des capteurs de particules low cost disponibles sur le marché afin d’élargir les capacités de mesures. Les protocoles d’exposition des échantillons seront précisément déterminés afin de pouvoir conduire de front les mesures magnétiques et géochimiques au laboratoire.
Le tunnel est construit sur le site des services techniques de la ville de Saint-Aunès. Il s’agit d’intégrer le citoyen dans l’analyse de la qualité de l’air qu’il respire. Dans cet objectif, le public pourra visiter les installations. Il est donc important de concevoir un instrument facile à mettre en œuvre, éducatif, didactique et agréable à regarder. La visée est double : effectuer les mesurages nécessaires à la métrologie, et former le citoyen tout en le faisant participer activement. Le banc expérimental se compose de deux parties distinctes et éloignées l’une de l’autre : la première est le tunnel à vent lui-même, quand la seconde se trouve dans le laboratoire Géosciences Montpellier où se feront les mesures magnétiques et géochimiques. Il est tout aussi important d’ouvrir les laboratoires expérimentaux au public pour qu’il ait une vue d’ensemble sur la métrologie.
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De la biosurveillance participative de la qualité de l’air, par Lionel SCOTTO D’APOLLONIA, Davia DOSIAS-PERLA, Pierre CAMPS, Thierry POIDRAS
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