Si en Angleterre, les marchés publics intégreront obligatoirement du BIM à partir de 2015, « moins de 1 % des cabinets d’architecture français font du BIM et moins de 30 % des agences travaillent à un moment ou à un autre en 3D », estime Thierry Parinaud, architecte et Vice-Président de MediaConstruct.
Jusqu’à aujourd’hui, les bureaux d’études récupéraient les plans 2D et ressaisissaient les données dans leur propre logiciel. Avec le BIM, ils auront juste à « injecter » la maquette dans leur logiciel et lancer les simulations. La maquette numérique est donc un outil collaboratif, commun aux cabinets d’architectes et aux bureaux d’études, qui dialogue entre tous les logiciels.
Chaque cœur de métier possède ses propres logiciels pour faire ses propres simulations de conception, de structures, d’acoustique, de thermique, de consommation énergétique et d’économie de la construction. Au fur et à mesure que les simulations donnent leurs résultats, la maquette est modifiée et est donc alimentée par l’ensemble des acteurs. Comme la maquette est utilisable tout au long du cycle de vie du bâtiment, des logiciels de gestion de patrimoine sont également applicables.
« La maquette numérique permet aux bureaux d’études techniques de travailler uniquement sur leur cœur de métier, sans perdre de temps pour ressaisir les données », insiste Valentin Besnas, chargé de développement chez A&S, prestataire de services auprès des architectes et urbanistes.
Une maquette qui fournit toutes les données nécessaires
La maquette contient une bibliothèque qui donne toutes les caractéristiques de chaque élément qui la compose : dimensions, compositions, etc. Avec la maquette, les métriques sont précises, ce qui permet de diminuer les déchets lors du chantier. « Pourquoi donc commander 200 m2 de carrelage quand vous n’avez besoin que de 185 m2 ? » s’interroge, par exemple, l’architecte Lionel Blancard de Lery.
Quand la maquette est finie, il est possible d’extraire une visionneuse graphique qui sera lue sans logiciel spécifique. Cette visionneuse permet de visualiser et d’extraire l’intégralité des données du bâtiment en 2D et en 3D. « À la fin, on donne juste une maquette numérique au client ; celle-ci contient toutes les informations nécessaires sur l’ouvrage, la gestion, l’exploitation et la maintenance », précise Lionel Blancard de Lery.
Certes, la conception de la maquette prend un peu plus de temps qu’avec les plans traditionnels, mais elle simplifie considérablement tout le travail ultérieur. Utilisable sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, elle constitue une base de données intelligente, dont il est très facile d’extraire des données ou faire des coupes dynamiques. Elle fournit tous les détails par zone, ainsi que les calculs et les tableaux de synthèse nécessaires.
Comme une innovation ne vient généralement pas sans adaptation des tarifs, les honoraires des cabinets d’architecture qui utilisent le BIM sont en cours de révision. Ils estiment en effet que la surcharge de travail liée à la phase de conception et la simplification que cela apportera au gestionnaire du bâtiment doivent être rémunérées !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique