Le département de la Manche s’investit particulièrement dans la mobilité hydrogène depuis 2015. Il vient de lancer une « Charte H2 Manche » afin d’accompagner les entreprises de son territoire dans la découverte de ce vecteur énergétique. Le département veut ainsi susciter l’intérêt local en vue de fixer ses objectifs de déploiement d’infrastructures. « Si une entreprise s’intéresse à l’hydrogène, en signant la Charte H2 Manche, elle pourra être renseignée sur l’infrastructure prévue localement, l’autonomie et le coût d’un véhicule, les possibilités d’achat groupés et d’aides financières », prévient Matthieu Guesné, fondateur et PDG du producteur d’hydrogène Lhyfe.
Après avoir porté des projets sur les véhicules légers et les vélos, le département de la Manche porte désormais le projet ETHyR CoManche pour faire émerger une mobilité poids lourds dans le département. Dans le cadre de ce projet, Lhyfe a été retenu pour construire le site de production d’hydrogène qui alimentera trois nouvelles stations de distribution. « L’hydrogène doit être produit localement, selon des énergies locales adaptées au territoire, déclare Matthieu Guesné. En Vendée où nous construisons actuellement notre premier site de production d’hydrogène et pour notre site à venir dans la Manche, l’hydrogène est obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’énergie éolienne. »
Construire un écosystème hydrogène dans le Grand Ouest
Le projet ETHyR CoManche n’est pas qu’un projet local. Il joue le rôle de pivot entre régions du Grand Ouest pour développer une cohérence territoriale de l’écosystème hydrogène sur l’ensemble du territoire. Il fait ainsi partie intégrante du projet « Vallée Hydrogène Grand Ouest », rassemblant les projets locaux des régions Bretagne, Pays-de-la-Loire et Normandie. Lhyfe, acteur clé du projet local ETHyR CoManche, fait également partie des coordinateurs de ce consortium.
Vallée Hydrogène Grand Ouest (VHyGO) joue un rôle structurant pour le développement de l’infrastructure nécessaire à la mobilité hydrogène. « Il faut désormais changer d’échelle, assure Matthieu Guesné. Les collectivités locales qui portent les projets doivent travailler ensemble pour construire des plans de déploiement de véhicules et de stations cohérents. »
L’ambition de VHyGO consiste à regrouper assez d’acteurs et d’initiatives locales pour commander ensemble un nombre important de véhicules à prix négocié, principalement dans la mobilité lourde. « L’objectif est d’arriver à des commandes autour d’une centaine d’unités par type de véhicules », partage Matthieu Guesné.
Cette mise en relation permettra aussi de mutualiser les infrastructures pour développer des sites de production locaux d’hydrogène par électrolyse de l’eau. Il sera enfin possible de mailler le territoire avec des stations-service délivrant cet hydrogène. « De Brest à Orléans et de Cherbourg à Bordeaux, les collectivités doivent se parler pour grouper les commandes de véhicules et planifier l’installation d’électrolyseurs », défend Matthieu Guesné.
L’hydrogène devient un pari politique
En 2018, le plan hydrogène du ministre de la transition Nicolas Hulot était doté de 100 millions d’euros. Le premier ministre Jean Castex a annoncé début septembre 2020 une nouvelle stratégie hydrogène consacrant 7 milliards d’euros au développement de la filière d’ici 2030, dont 2 milliards d’euros dès le plan de relance, pour les deux prochaines années. La Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné se fixe un objectif d’installation de 6,5 gigawatts d’électrolyseurs d’ici 2030 pour apporter une contribution significative à la décarbonation de l’économie et construire une filière industrielle française de l’électrolyse. Le développement d’une offre de mobilité lourde et des projets territoriaux d’envergure mutualisant les usages, comme le projet VHyGO, constitue une priorité.
Le plan de relance allemand consacre pour sa part 9 des 130 milliards d’euros de son plan de relance pour devenir le numéro un mondial de l’hydrogène d’ici 2030. Lhyfe se félicite du développement de l’intérêt national et international pour l’hydrogène. Alors que son premier site de production en Vendée devrait être mis en service en mai 2021, une quarantaine de sites utilisant sa technologie modulaire de production d’hydrogène grâce aux énergies renouvelables sont déjà en développement en France et en Europe.
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