Prenez un phénomène invisible, et donc nécessairement mystérieux : la radioactivité. Dotez-le d’une unité de mesure dont personne ne connaît la définition : le becquerel, et d’une unité de « dommage aux êtres vivants », encore moins accessible au commun des lecteurs de journal : le sievert (et ses sous-multiples le millisievert et le microsievert). Annoncez alors que vous avez détecté des becquerels ici, ou que telle population a pris tant de microsieverts là. Résultat assuré : quelle que soit la valeur mesurée, une large partie de vos interlocuteurs va penser qu’il y a du danger.
La radioactivité a beau être un processus connu depuis un siècle, la Commission Internationale sur la Protection Radiologique a beau exister depuis 1928, les Nations Unies ont beau avoir créé en 1955 une commission spéciale chargée de documenter les effets de la radioactivité et de produire des rapport sur ce sujets, la méfiance est de mise dès qu’un soupçon de rayonnement ionisant se profile à l’horizon, alors que pourtant, ici comme ailleurs, c’est la dose qui fait le poison. Et de fait, la radioactivité est une nuisance parfaitement négligeable dans tous les processus qui font mourir prématurément nos semblables, et cela resterait vrai si la production nucléaire devait être multipliée par 10 sur terre.