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La lumière fait blanchir la couleur rouge des tableaux de Van Gogh

Posté le 24 mars 2015
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

Des mesures au synchrotron ont permis de découvrir pourquoi l’oxyde de plomb utilisé par le peintre blanchit avec le temps.

Les amateurs de Van Gogh doivent se dépêcher d’aller admirer ses tableaux, car ceux-ci se dégradent petit à petit. Plus particulièrement, la couleur rouge est victime d’une sorte de blanchiment. De quoi affadir les œuvres du maître. Des scientifiques belges s’en sont inquiétés et ont décidé de découvrir quel mal se cachait derrière cette dégradation. Ils n’ont pas hésité à prélever un minuscule échantillon du tableau « Meules de foin sous un ciel pluvieux », caractéristique du phénomène avec des feuilles mortes censées arborer une teinte rouge éclatante mais désormais à l’apparence blanchâtre.

En y regardant de plus près, les chercheurs de l’Université d’Anvers ont découvert que le grain de peinture était composé de différentes couches : une coque grise recouvre intégralement le cœur du pigment au rouge intact. Les scientifiques ont analysé ces dixièmes de millimètres de matière à l’aide du rayonnement synchrotron. Les mesures publiées dans Angewandte Chemie indiquent que le pigment utilisé par Van Gogh est du minium (Pb3O4), un oxyde de plomb couramment utilisé. Celui-ci se dégrade sous l’effet de la lumière, prenant une teinte noirâtre, blanchâtre ou verdâtre. Mais quel mécanisme se cache derrière l’évolution vers une teinte plus blanche ? Sous l’effet de la lumière, le minium capte le dioxyde de carbone présent dans son environnement, dans l’air ou issu de la décomposition d’acides gras au sein même de la peinture. Ce faisant, le minium se transforme en plombonacrite, un carbonate de plomb. Ce dernier continue à réagir avec le CO2 pour devenir du céruse, un pigment… blanc ! Le grain de pigment rouge se retrouve ainsi isolé à l’intérieur d’une gangue de couleur blanche.

Ci-dessus : Vincent Van Gogh – La vigne rouge

 

Si les chercheurs on levé le voile sur la façon dont les rouges blanchissent sous l’effet de la lumière, ils n’ont toutefois pas indiqué comment préserver la couleur. De plus, il apparaît délicat d’exposer une toile dans la pénombre. La dégradation des peintures utilisant du minium comme pigment rouge semble inéluctable.

Par Audrey Loubens


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