Les acteurs les plus importants de la livraison de repas prennent 10 engagements auprès du ministère de la transition écologique. Ceux-ci s’articulent autour de 4 axes : réduire, réemployer, recycler, sensibiliser et communiquer. « La Charte va dans le bon sens » et retient « des échéances assez proches », se félicite Moïra Tourneur, responsable du plaidoyer de l’ONG Zero Waste France. L’association accompagne le suivi de ces engagements aux côtés de Surfrider Foundation et de la Fondation Tara Océans. « L’ombre au tableau : ce ne sont que des engagements volontaires », tempère-t-elle.
Des échéances proches pour développer le réemploi
La Charte retient des échéances proches pour réduire l’impact de la restauration livrée. Dès le 1er mars 2021, les signataires s’engagent à mettre fin à la livraison systématique des couverts et des sauces. Ensuite, à partir du 1er juillet, ils s’engagent à ne plus utiliser de PVC, de polystyrène, de PET opaque et d’emballages complexes constitués de plusieurs couches de plastiques différents et non séparables. Au 1er janvier 2022, les signataires prévoient de n’utiliser que des emballages recyclables et disposant d’une filière effective de collecte et de recyclage en France. Il en ressortira visiblement des emballages en polypropylène et en PET transparent. Les signataires s’engagent ainsi à réduire de 50 % l’utilisation du plastique à usage unique d’ici au 1er janvier 2022 et de 70 % au 1er janvier 2023.
Parmi les acteurs engagés, citons les plates-formes d’intermédiation : Uber Eats, Deliveroo, Tiptoque, CoopCycle, Stuart. S’engagent aussi les « restaurants virtuels » fonctionnant à partir d’une cuisine centrale : Frichti, Nestor, Popchef, Foodchéri, Foodles, Saveurs et Vie. Les porteurs de solutions réemployables ne sont pas en reste, avec l’engagement d’En Boite le Plat, Reconcil, GreenGo, Uzaje et Pyxo. Enfin, les fabricants et fournisseurs d’emballages ou contenants Metro, Pyrex et Arc International signent la Charte.
Développer le réemploi en livraison
Mais l’engagement s’attaque aussi au remplacement de l’usage unique par des solutions réutilisables. Les signataires s’engagent ainsi à bannir les solutions jetables pour les gobelets, couverts, assiettes et récipients utilisés dans le cadre d’un service de portage quotidien de repas à domicile à compter du 1er janvier 2022. En plus, en vue de développer le réemploi, ils lancent 12 expérimentations de réemploi des contenants pour plats, notamment des dispositifs de consigne. En particulier, Uber Eats s’engage à mener deux expérimentations avant juin 2021 : un modèle où le client apporte son propre contenant au restaurant et un modèle de consigne en partenariat avec Bioburger. Deliveroo testera aussi l’apport de son propre contenant pour la vente à emporter dans un ou plusieurs restaurants en Île-de-France.
Les aides du plan France Relance dédiées aux solutions de réemploi pourront être mobilisées pour mener ces expériences, rappelle le ministère. « En fonction des résultats, les signataires passeront à plus grande échelle ensuite avec un enjeu de 100 % de contenants réemployés livrés sur les lieux de restauration en entreprises en 2023 », précise Moïra Tourneur. Cette régularité de la commande facilite le passage aux systèmes de consignes. « Lorsque vous avez des livraisons fréquentes en entreprise, vous serez alors livrés systématiquement avec des systèmes réemployables. »
Un comité de suivi se réunira régulièrement et une communication sur l’avancement des engagements sera réalisée tous les 6 mois. Le ministère animera la démarche et accompagnera les expérimentations de réemploi menées par les acteurs de la restauration livrée, avec l’appui de l’Ademe.
« La loi anti-gaspillage avait laissé de côté tout cet enjeu de la restauration livrée et de la vente à emporter », rappelle Moïra Tourneur. Toutefois, l’article 77 de cette loi prévoit déjà un service en vaisselle réemployable systématique pour la restauration sur place dans tous les fast-foods à partir du 1er janvier 2023. « Ce n’est pas un engagement volontaire, c’est dans la loi donc les acteurs ont intérêt à s’y mettre », prévient-elle. L’association veillera au respect de ces différents engagements et obligations.
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