Baptisé Kyutai, il ambitionne de proposer des alternatives aux modèles d'IA développés principalement par les GAFAM. Un pari osé ! Même si son budget semble important (300 millions d’euros), ses moyens resteront modestes par rapport aux géants américains de la tech !
Lors de la conférence européenne AI-PULSE, le président Emmanuel Macron avait rappelé la stratégie de la France en matière d’intelligence artificielle : souveraineté technologique, diffusion et régulation.
Cette souveraineté s’est matérialisée avec la création en France d’un laboratoire privé. Résolument engagé dans la démocratisation de l’IA, Kyutai se positionne comme un acteur majeur de la recherche ouverte, ou open science, dans le domaine.
Fuite de cerveaux
Financé notamment par Xavier Niel, PDG d’Iliad (Free), Rodolphe Saadé, PDG du géant de la logistique CMA-CGM et Éric Schmidt, ancien PDG de Google, Kyutai a pour ambition de créer « un écosystème de recherche destiné à attirer ou conserver les spécialistes français dans ce domaine, qui ont tendance à s’expatrier pour trouver des conditions financières plus avantageuses notamment ».
Kyutai annonce vouloir s’attaquer aux principaux défis de l’IA moderne en développant notamment de grands modèles multimodaux (utilisant le texte, mais aussi le son, les images, etc.) et en inventant de nouveaux algorithmes pour améliorer leurs capacités, leur fiabilité et leur efficacité.
Pour ce faire, le laboratoire s’appuiera sur la puissance de calcul mise à sa disposition par Scaleway, la filiale du Groupe iliad. Il s’agit à date de la plus grande de puissance de calcul déployée en Europe pour les applications IA.
Côté matière grise, Kyutai affiche un organigramme à faire pâlir plus d’une start-up spécialisée dans l’IA ! Dirigée par Patrick Perez, ancien de l’équipementier automobile Valeo, l’équipe scientifique comprend d’anciens chercheurs de Meta’s FAIR et de Google’s DeepMind.
Kyutai a ainsi réuni une équipe de chercheurs renommés en IA, en tant que conseillers scientifiques, dont Yann LeCun, responsable de l’IA chez Meta, et Bernhard Schölkopf, lauréat allemand du prix Leibniz et chercheur en IA.
Mais, cette entreprise privée ne risque-t-elle pas de freiner la recherche publique, incapable de rivaliser avec des salaires élevés ? Les débauchages sont déjà en cours, puisque Hervé Jégou, qui devait rejoindre l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), est devenu le « Chief Scientific Officer » de Kyutai.
Patrick Perez, qui est également un ancien chercheur de l’INRIA, souhaiterait recruter une équipe de 40 à 50 chercheurs. Kyutai vise aussi à former de futurs experts de la discipline, via l’accueil d’étudiants en master pour des stages au sein du laboratoire et la supervision de doctorants et de post-doctorants.
Depuis l’annonce, un autre centre de recherche sur l’IA a été lancé : l’Artefact research center
Avec l’appui notamment de la Société Générale, d’Orange et de Décathlon, cette société de services spécialisée dans le déploiement de ces technologies a déjà constitué une équipe de chercheurs. Ils devraient être une trentaine d’ici 2025. Ce centre collabore avec des professeurs d’une dizaine d’institutions comme l’École polytechnique, CentraleSupélec, Sorbonne Université, le CNRS, l’université Paris-Saclay ou encore l’ESCP Business School.
« Notre objectif est de faire des ponts entre le monde académique et les entreprises, sur des projets de long terme, avec des chercheurs à la pointe, dans des domaines qu’Artefact maîtrise » a déclaré sur Linkedin Vincent Luciani, Co-founder & CEO d’Artefact
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