Dans le cadre du programme CERES, la France prévoit d'envoyer trois satellites espions en 2020 pour quadriller la Terre à la recherche d'émetteurs de télécommunications et de radars.
En s’équipant de trois satellites destinés à la collecte de renseignements d’origine électromagnétique (ROEM), la France va faire un bond de géant en matière d’espionnage. Avec le programme CERES (Capacité de renseignement électromagnétique spatiale) chapeauté par la Direction générale de l’armement (DGA) et lancé officiellement le 12 mars, elle s’aligne au même rang que les États-Unis, la Chine et la Russie et devient le premier pays européen à bénéficier d’un tel système. Enfin, deviendra ! La mise en route des satellites étant prévue pour 2020.
CERES agira en complément des satellites d’observation et de télécommunications dont dispose déjà la France et des informations qu’elle échange avec l’Allemagne et l’Italie. Les satellites évolueront en groupe, en formant un triangle afin que chacun d’eux détecte et localise les émetteurs, avec une précision de l’ordre de dix kilomètres, et mieux encore, surveille les signaux qui échappent à l’heure actuelle aux capteurs de surface. Un communiqué du CNES l’explique de cette manière : « Quand un radar émet un signal, chacun des satellites reçoit ce signal à un instant légèrement différent. C’est en croisant les informations recueillies par chacun et comparant l’heure de réception d’un même signal que l’on peut situer l’emplacement de l’émetteur. »
Les théâtres d’intérêt stratégique (centres de commandement par exemple) associés à leurs niveaux de danger seront ainsi déterminés, tout comme le degré de sophistication des réseaux de communication. Ces informations sont très précieuses pour l’armée qui peut, grâce à elles, aménager une stratégie en cas de menace.
Les réflexions entamées en 2013 ont donc abouti. Et c’est à Airbus Defence & Space que la DGA a choisi de confier la mise en chantier des satellites du programme CERES. À cela, rien d’étonnant puisque Airbus DS est déjà le fabricant des satellites français Helios et Pléiades ainsi que des démonstrateurs Essaim et Elisa. Cela ne fait donc que « démontrer la qualité de notre savoir-faire et de nos technologies » assure François Auque, le directeur général de Space Systems, sous-traitant d’airbus DS. Quant à la filiale française Thales Systèmes Aéroportés du groupe Thales, elle doit assurer la maîtrise d’oeuvre du segment sol utilisateurs tandis que Thales Alenia Space va s’occuper de la charge utile des satellites.
Le budget est estimé approximativement à 450 millions d’euros. Une enveloppe lourde qu’à justifié le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, par une « ambition élevée » de la loi de programmation militaire. Or, la surveillance des signaux electromagnétiques fait partie de ces quatre capacités qu’il considère essentielles avec l’imagerie sécurisée optique notamment. Car l’un des avantages du programme CERES – donc du trio de satellites d’écoute – est de pouvoir évoluer légalement au-dessus de n’importe quelle zone du globe. En dehors de tout cadre juridique, les satellites d’observation représentent la meilleure solution d’observation non intrusive. Ce qui se révèle très pratique quand on en dispose.
Par Sébastien Tribot
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