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La France en retard dans l’éolien et le photovoltaïque

Posté le 26 janvier 2023
par Stéphane SIGNORET
dans Énergie

Le retard de la France par rapport à ses objectifs de production d’électricité par des sources renouvelables n’en finit pas de se creuser. Le dernier baromètre d’Observ’ER le confirme, en particulier dans l’éolien et le photovoltaïque. Les professionnels craignent que le projet de loi en cours d’examen n’arrange rien.

Les chiffres sont têtus. Année après année, la part des énergies renouvelables dans la consommation d’électricité grandit, mais elle est toujours inférieure aux objectifs que la France s’est fixés. Cette part était de 24,8 % en 2020 alors qu’elle aurait dû être de 27 % : l’Hexagone est donc le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir respecté ses engagements… et écope en conséquence d’une amende de 500 millions d’euros. La part dépassait tout juste 25 % en 2021 et est estimée à 26 % pour 2022. On est donc encore loin du compte, surtout que l’objectif de 2030 est de 40 % !

« Il faudrait gagner 15 points de plus les neuf prochaines années, alors qu’on n’a même pas gagné 12 points les 21 années précédentes. La France fait moins bien que la moyenne de tous les pays de l’UE. Il y a besoin d’une véritable accélération, en particulier dans les filières éolienne et solaire photovoltaïque » explique Frédéric Tuillé, responsable des études d’Observ’ER, une association qui vient de publier son 13e Baromètre des énergies renouvelables électriques en France, avec la FNCCR et l’Ademe. Selon son estimation, seuls 4 400 MW ont été nouvellement raccordés sur le réseau électrique en 2022, soit 180 MW de moins qu’en 2021. Le solaire photovoltaïque est le premier dans le palmarès des puissances installées l’an dernier avec 2 500 MW, devant l’éolien terrestre (1 400 MW), l’éolien en mer (480 MW) et un tout petit 10 MW pour le biogaz (la filière privilégiant désormais l’injection directe du biométhane dans le réseau de gaz). Dans le solaire, on voit un maintien – même si elles sont à la baisse – des installations de parcs photovoltaïques au sol de plus d’1 MW. Les projets sur grandes toitures (de 100 à 250 kW) sont dans une bonne dynamique, mais les petites installations (moins de 9 kW) bénéficient du plus grand engouement : 119 MW ont été raccordés chez des particuliers les six premiers mois de 2022, à 90 % pour de l’autoconsommation individuelle. Les autres filières (hydroélectricité, biomasse, géothermie, valorisation des déchets) ne changent quasiment pas. Tout cumulé, la puissance totale des renouvelables électriques atteint environ 66 000 MW fin 2022.

Nécessaire accélération

Les niveaux installés chaque année sont donc inférieurs à ce qu’il faudrait pour recoller avec les objectifs 2028, c’est-à-dire au moins 3 GW/an pour l’éolien et 3,5 GW/an pour le photovoltaïque. En ce qui concerne l’éolien terrestre, on notera d’ailleurs qu’aucun nouveau parc n’a été raccordé en 2022 dans trois régions (PACA, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes). Le baromètre d’Observ’ER pointe les difficultés rencontrées pour accélérer le développement des énergies renouvelables : une réglementation complexe et changeante, un sous-effectif des services déconcentrés de l’État pour traiter les dossiers (15 000 MW de projets sont dans les tiroirs), des oppositions savamment entretenues, et une hausse conjoncturelle des prix des matériaux.

En ce sens, tout comme un règlement européen l’a déjà fait en décembre 2022, le projet de loi qui doit être adopté le 31 janvier par l’Assemblée nationale devrait permettre d’accélérer la production d’électricité renouvelable. Mais les professionnels restent très vigilants sur la portée réelle du texte. Dans le solaire, il doit faciliter l’accès au foncier tout en évitant les conflits d’usages, par exemple en définissant un rôle pour l’agrivoltaïsme. Par contre, il ne permet toujours pas de faciliter l’autoconsommation individuelle, malgré le plébiscite des particuliers dans ce domaine et son potentiel important (estimé à 15 000 MW/an par Enerplan), ni l’autoconsommation collective des collectivités alors que ces dernières militent fortement pour y avoir accès afin de sécuriser leur approvisionnement en électricité à bas coût sur le long terme. Dans le secteur éolien terrestre, le projet de loi doit simplifier les procédures, notamment en ouvrant la possibilité aux projets de parcs d’être reconnus de raison impérative d’intérêt public majeur, ce qui ferait gagner quelques mois sur les procédures. Mais l’ajout par les sénateurs d’une planification, pour définir des zones d’accélération et d’exclusion, fait craindre un ralentissement des projets par les communes les plus frileuses.

Car la bataille se joue aussi au niveau local. La FNCCR demande d’ailleurs que la compétence énergie ne soit pas réservée aux seules intercommunalités. Beaucoup de communes se rendent en effet compte des avantages d’accueillir une production électrique renouvelable sur leur territoire : non seulement cela leur permet d’être en phase avec les schémas régionaux ou avec les plans climat-air-énergie territoriaux, mais en plus elles peuvent en bénéficier directement en s’engageant dans une entreprise publique locale (EPL), que ce soit sous la forme d’une société d’économie mixte, d’une société publique locale ou d’une société d’économie mixte à opération unique (voir le détail pages 120-127 du baromètre d’Observ’ER). Elles génèrent directement emplois et retombées économiques. Ainsi, sur les 607 EPL déjà existantes, 128 sont engagées dans la transition énergétique et cumulent 4 735 emplois et un volume d’activité de 2,8 milliards d’euros.

Au niveau national en 2021, toutes les énergies renouvelables électriques ont produit 120,5 TWh, ont représenté plus de 50 000 emplois directs et ont généré un chiffre d’affaires de près de 24 milliards d’euros.


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