Ou plutôt, face à la crise, que peut faire la France pour retenir ses ingénieurs ?
Si l’on en croit la 25e enquête de l’Observatoire des ingénieurs et scientifiques de France (IESF), la France ne boude pas les ingénieurs, bien au contraire. Moins de 4% d’entre eux seraient au chômage alors que la quantité d’ingénieurs sortant des écoles croît. En tout, ce sont 33 000 jeunes diplômés qui ont été recrutés en 2013 tandis qu’une faible partie poursuit ses études et qu’une autre est en recherche. Non, leur sort est plutôt enviable. Le salaire moyen annuel de 55 200 euros d’un ingénieur est 2,5 fois supérieur à celui de ses compatriotes. Il a même un peu augmenté. Et un bon nombre occupent des postes à responsabilités. D’après l’enquête, 82% s’estiment d’ailleurs satisfait de leur travail. Ce qui, plus que la rémunération, prime plus que tout. Seule ombre au tableau, l’inégalité des salaires entre hommes et femmes a tendance à s’intensifier avec l’âge. Alors qu’au début de carrière, l’écart n’est que de 6%, il passe par la suite à 20% autour de 60-64 ans. Cela est d’autant plus regrettable que la part d’ingénieurs féminins est en hausse.
Qu’en est-il de l’insertion des jeunes diplômés ? Environ 15% d’entre eux, six mois après leur sortie du système scolaire, n’auraient pas de travail. Le pourcentage est faible mais cela signifie qu’à un moment donné, l’employeur et le jeune diplômé ne se sont pas trouvés. Différents facteurs peuvent l’expliquer comme le décalage entre la réalité du marché et l’ambition d’un jeune qui ne sont pas toujours compatibles dans un premier temps, l’importance aussi d’avoir choisi une école de qualité ou encore d’avoir effectué un bon stage. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte.
La France a besoin d’ingénieurs. Preuve en est avec trois secteurs qui sont en demande. « Les sociétés de services et logiciels informatiques sont devenues les premiers recruteurs d’ingénieurs en France », indiquait dans son enquête Gérard Duwat, président de l’Observatoire des ingénieurs et scientifiques de France. Le secteur du numérique recherche. Malgré cela, pas assez d’ingénieurs en informatique sont formés.
Les entreprises de l’industrie des transports recrutent beaucoup elles aussi, notamment le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), le constructeur automobile Renault ou encore le constructeur aéronautique Airbus.
Enfin, le troisième secteur est celui de l’ingénierie. Les sociétés d’ingénierie comptabilisent 47 000 ingénieurs et continuent d’embaucher. En 2014, les acteurs importants s’appellent Altran, une entreprise de conseil en innovation et ingénierie avancée et Ségula Technologies, groupe international de conseil en innovation et d’ingénierie.
Alors bien sûr, la pénurie d’ingénieurs dans certains pays entraîne une part toujours plus importante des jeunes diplômés (et pas que) à s’expatrier. Cela ne veut pas dire que la France n’aime plus les ingénieurs. Plutôt que leurs profils sont appréciés à l’étranger et que la formation française est reconnue de par le monde.
Or le contexte socio-économique fait qu’il est plus dur de les garder. Comment concurrencer avec des entreprises comme Google par exemple, qui offrent de gros chèques. C’est difficile à gérer. En d’autres termes, la fuite des cerveaux est un phénomène impossible à enrayer. Cela ne s’explique pas par une relation déficit de postes à pourvoir face à un débordement d’ingénieurs. Les jeunes ingénieurs sont enclins à partir vers de nouveaux horizons parce qu’ils savent qu’ils toucheront bien souvent un meilleur salaire, qu’ils auront l’opportunité de décrocher un premier emploi qu’ils n’auraient pas pu trouver en France et que s’ils reviennent, cette expérience leur servira comme un accélérateur de carrière. Et puis c’est aussi et surtout l’appel du large, incontrôlable, l’envie de découvrir un pays avec toutes les facettes culturelles qui vont avec, et le besoin de vivre de nouvelles expériences.
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