Ces travaux, menés par des chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE) de l’Université Joseph Fourier et des chercheurs britanniques de l’Open University, permettent de mieux évaluer l’effondrement possible d’une partie de la calotte glaciaire en Antarctique, par rapport aux modèles climatiques actuels. « Cette instabilité avait d’ailleurs été identifiée par le 5ème rapport du GIEC comme une incertitude majeure pour les projections du niveau des mers », rappelle l’Université Joseph Fourier dans un communiqué.
Dans leur article Potential sea level rise from Antarctic ice sheet instability constrained by observations, les chercheurs ont opposé leur nouveau modèle de calotte polaire à des observations de terrain. Ils ont montré que, sous l’hypothèse d’une stabilisation ou d’une augmentation modérée des émissions des gaz à effet de serre, l’effondrement d’une partie de la calotte glaciaire de l’Antarctique participerait à la montée du niveau des mers avec une contribution la plus vraisemblable de 10 cm en 2100. « Selon leurs estimations, il y aurait un risque sur vingt que ce retrait contribue à plus de 30 cm de la montée du niveau des mers en 2100 et à plus de 72 cm en 2200. Même si ces résultats n’excluent pas pour autant des contributions plus importantes à plus longue échéance .» précise l’Université. C’est nettement inférieur à certaines estimations qui atteignent un mètre de montée du niveau des mers venant de l’Antarctique à elle seule, comme le récent article polémique de James Hansen.
Selon le 5e rapport du GIEC, la perte de glace de l’inlandsis de l’Antarctique connait une accélération : elle est probablement passée de 30 Gigatonnes (Gt) par an au cours de la période 1992-2001 à 147 Gt par an au cours de la période 2002-2011. Selon ce même rapport du GIEC, l’élévation moyenne du niveau des mers serait comprise entre 26 cm et 82 cm, avec des inégalités spatiales, en fonction des scénarios d’émissions. La valeur la plus vraisemblable établie par le GIEC est une montée des eaux de 60 cm. « Nos travaux ne changent pas très sensiblement les valeurs estimées comme les plus probables. Ils montrent que la contribution de l’Antarctique à l’echelle des deux prochains siècles n’atteindra suivant toute vraisemblance pas les estimations les plus hautes proposées », éclaire Gaël Durand, chercheur CNRS au LGGE ayant participé à cette étude.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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