Le 12 novembre, le Gouvernement finlandais a annoncé la décision par voie de communiqué. L’entreprise retenue pour construire son centre de stockage des déchets radioactifs est Posiva, l’entreprise chargée de la gestion des déchets radioactifs finlandais. Le centre de stockage se situera vers 400 mètres de profondeur dans une couche de granit, au sud-ouest de la Finlande, sur l’île d’Olkiluoto, à proximité du site de construction du futur réacteur EPR construit par Areva pour l’électricien finlandais TVO.
« L’installation comprend deux parties: en surface, l’usine d’encapsulation du combustible usé dans les réservoirs de stockage définitif, et le stockage définitif en profondeur dans la roche, avec des tunnels dans lesquels le combustible usé sera placé », précise Posiva dans un communiqué. L’entreprise estime que les premiers colis de déchets arriveront à partir de 2020.
Ce centre de stockage accueillira les déchets hautement radioactifs à vie courte ou à vie longue et les déchets de moyenne activité à vie longue produits par les 4 réacteurs d’Olkiluoto et de Loviisa et du futur EPR. Il sera constitué de galeries souterraines menant à des puits en fonte recouverts d’une couche de cuivre. Ces puits, d’une dizaine de mètres de profondeur, accueilleront les colis de déchets. Ils seront scellés par de la bentonite, une variété d’argile fortement imperméable. Dès lors, le stockage sera irréversible et constituera une « solution de stockage sûre », selon Posiva. De son côté, Greenpeace signale les risques de corrosion du cuivre par l’eau, conteste l’imperméabilité totale de la bentonite et craint la contamination des nappes phréatiques.
Vers le deuxième site de stockage en France ?
La France projette la construction de Cigéo, un site de stockage similaire. A Bure, aux frontières de la Meuse et de la Haute-Marne, un laboratoire souterrain sert de lieu d’expérimentation depuis 2000. Exploité par l’Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra), il vérifie la résistance de la couche d’argile et évalue les techniques de construction. Le centre de stockage définitif sera situé à environ 3 kilomètres de ce laboratoire, sur une implantation de 30 km2. Le dépôt de la demande d’autorisation par l’Andra est prévue pour 2017. Cette demande sera alors instruite par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) pendant une durée maximale de 3 ans. Si le projet est autorisé, la construction devrait s’achever en 2025 et commencer par une phase industrielle pilote pour une durée allant de 5 à 10 ans.
Pendant la phase d’exploitation du centre, prévue pour une centaine d’années, le stockage devra être réversible pour laisser aux générations futures un maximum de possibilités pour permettre des adaptations. Ensuite, les galeries seront hermétiquement fermées le plus longtemps possible, soit entre plusieurs centaines de milliers d’années et quelques millions d’années. Avant la mise en route des travaux, la loi de 2006 prévoit le vote obligatoire d’une loi définissant la notion de réversibilité. Les députés ont essayé de placer un amendement dans la loi de transition énergétique, puis dans la loi Macron, sans succès.
Le 10 novembre, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle, Jean-Yves le Déault, a déposé une nouvelle proposition de loi. L’article 1er prévoit notamment la définition suivante de la réversibilité : « La réversibilité est la capacité, pour les générations successives, à revenir sur des décisions prises lors de la mise en œuvre progressive d’une installation de stockage. La réversibilité doit permettre de garantir la possibilité de récupérer des colis de déchets déjà stockés pendant une période donnée et d’adapter l’installation initialement conçue en fonction de choix futurs. »
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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