Commandes records, production en forte hausse, exportations… après avoir subi de plein fouet la crise Covid, la filière aérospatiale française se porte désormais beaucoup mieux. En 2024 et 2025, le secteur pourrait même, à lui seul, rapporter 0,4 point de PIB supplémentaire à la France. Un succès qui s’accompagne cependant de nombreux défis, la filière étant aussi confrontée à de multiples pénuries et à des difficultés de recrutement.
Avec plus de 70 Mds € de chiffre d’affaires en 2023 (contre 55 milliards en 2021 !), le secteur aéronautique et spatial se rapproche de son niveau de 2019 (74,3 milliards), un chiffre qui sera très probablement atteint, voire dépassé entre 2024 et 2025.
L’aéronautique, boosteur de la croissance nationale
Selon le Conseil national de l’industrie, le secteur aéronautique est le principal contributeur à la balance commerciale française (23,5 Md € en 2022). La filière représente en effet 4,3 % du PIB de la France et totalise 210 000 salariés répartis dans plus de 1 000 entreprises !
La filière aéronautique française est ainsi particulièrement stratégique pour notre économie et elle le restera. En effet, selon l’OFCE, la hausse de 10 % à 15 % de la productivité aéronautique qui est attendue en 2024 et 2025 pourrait faire gagner 0,3 a 0,4 point de croissance au pays. Ces chiffres sont loin d’être négligeables quand on sait que les prévisions de croissance ne dépasseront pas 0,7 à 1 % cette année.
Des commandes records, mais des risques de pénuries !
Avec plus de 2 000 commandes nettes en 2023, 735 avions livrés sur l’année et un carnet de commandes en cours de presque 8 600 avions, Airbus fait bien mieux que son concurrent Boeing et s’assure 11 ans de travail.
Mais si ces commandes massives sont une excellente nouvelle, elles représentent aussi un challenge pour l’avionneur, qui cherche à accélérer le rythme de sa production. Les fortes tensions sur la supply chain, la nécessaire réorganisation des sous-traitants et surtout les pénuries de main-d’œuvre qualifiée qui les touchent font ainsi partie des défis majeurs pour l’ensemble de la filière.
Des recrutements en masse pour suivre la cadence
C’est un point extrêmement positif : le secteur n’a jamais autant embauché qu’aujourd’hui ! Après des recrutements massifs (28 000 en 2023), la filière a d’ailleurs quasiment retrouvé son niveau d’avant Covid. Et compte tenu de la forte croissance du secteur, de nouvelles embauches sont attendues massivement pour 2024 : entre 25 000 et 30 000 selon le comité Aéro-PME du Gifas[1].
Néanmoins, les difficultés de recrutement se font sentir à tous les niveaux. Selon Pôle emploi, les métiers de l’aéronautique et du spatial sont d’ailleurs les plus en tension sur le marché du travail français, avec un taux de vacance qui avoisine les 20 % (contre 13 % pour les autres secteurs).
Tous les métiers sont concernés, qu’ils concernent la production, la maintenance, l’ingénierie et on parle même de pénuries de pilotes et de personnels navigants commerciaux ! Pour résoudre ces problèmes de recrutement, les acteurs de la filière n’hésitent d’ailleurs pas à jouer sur tous les tableaux : énormes séances de job dating au stadium de Toulouse, mobilisation autour de l’attractivité des PME du secteur, ouverture à des profils en reconversion, développement de programmes de formation avec les écoles, etc.
Le spatial est toujours en crise
En dehors des commandes d’avions civils, la défense se porte également bien, même si les commandes de l’année 2023 ont été divisées par deux par rapport à l’année précédente, mais pour de bonnes raisons. 2022 fut, en effet, une année exceptionnelle pour Dassault Aviation, en raison d’un gigantesque contrat de 80 avions Rafale à destination des Émirats arabes unis. Par ailleurs, les fortes tensions internationales vont probablement continuer à accroître les dépenses militaires dans le monde, favorisant notamment les commandes militaires de Dassault Aviation et Airbus Helicopters.
En revanche, l’industrie spatiale européenne connaît toujours des difficultés, en raison d’une concurrence internationale accrue sur les satellites et de quatre années de retard cumulées concernant le lanceur Ariane 6. Néanmoins, le dynamisme du marché des constellations de petits satellites en orbite basse pour le déploiement de l’internet par satellites est de bon augure pour les startups françaises du New Space qui multiplient les levées de fonds : Anywaves, E-Space, Exotrail et The Exploration Company en particulier.
[1] Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales
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