Les différentes missions Apollo des années 1960 et 1970 et notamment celles où les astronautes se sont posés sur la Lune ont mis à jour l’omniprésence de ces poussières en suspension, abrasives, collantes, capables de percer les combinaisons spatiales, de corroder et de s’infiltrer dans les pièces mécaniques. Dès lors, ce paramètre a rapidement été pris en compte pour concevoir du matériel, des machines qui iraient sur la Lune. Mais on s’est peu intéressé à l’aspect santé humaine. Pourtant, cette poussière a un potentiel pathologique très important pour l’homme.
Poussières de Lune, qui êtes-vous ?
Elles recouvrent la surface de la Lune sur une épaisseur de 3 à 20m, ces régolithes (poussières issues de la dégradation des roches en place par érosion ou de débris météoritiques), sont composées principalement de silice (SiO2), d’alumine (Al2O3) et d’autres composants comme le fer, calcium et le magnésium. Les phénomènes physiques qui ont lieu sur la Lune les ont souvent transformés en verre ensuite broyé en fines poussières (de quelques microns) extrêmement tranchantes et abrasives. En outre, ces poussières sont magnétisées. Ce qui les rend extrêmement collantes sur les machines et les combinaisons. Les différents témoignages des astronautes affirment qu’elles possèdent une odeur forte ressemblant à celle de la poudre à canon brûlée.
De la fièvre lunaire aux silicoses
Qualifiée de fièvre lunaire ou de rhume des foins lunaire, les symptômes présentés par les astronautes en contact avec les poussières lunaires allaient de l’éternuement à la congestion nasale en passant par les maux de gorge et les larmoiements. Certains astronautes ont présenté ces symptômes une journée quand d’autres ont mis plusieurs jours à s’en remettre. Au vu de la composition et de la taille des poussières, on sait d’ores et déjà que le risque est élevé de développer outre de simples irritations passagères des maladies plus graves ressemblant aux silicoses des mineurs avec des atteintes déjà connues aux poumons, au cerveau et à l’ADN en cas d’exposition prolongée (voir notamment cette étude). Les projets d’installation lunaire devenant concrets, l’agence spatiale européenne a décidé de lancer un vaste programme d’évaluation et de maîtrise des risques sanitaires liées à la poussière. Des experts du monde entier sont mis à contribution.
Travailler avec une poussière de substitution
Aujourd’hui il s’agit d’obtenir une connaissance fine de ces risques pour pouvoir y parer de manière adéquate. Comme on ne dispose pas de grande quantité de poussières lunaires, le travail va être effectué à partir de poussière de substitution. Contrairement aux poussières terrestres qui, au fil du temps, s’arrondissent et s’érodent, les poussières lunaires sont ciselées, en forme de crochets et restent coupantes et piquantes. Une des poussières terrestres qui ressemblent le plus est tirée d’une mine volcanique en Allemagne. Cependant, le tableau n’est pas tout noir. Les technologies et les connaissances sur la maîtrise des risques liés aux particules fines ont fortement évolué depuis les années 1970. Ionisation, systèmes de filtration haute technologie, casque, respirateur artificiels sont bien plus étanches, résistants et performants aujourd’hui. Une première expérience sur place avec un monitoring serré des colonisateurs lunaires sera d’autant plus importantes que sur Mars, la poussière est tout aussi agressive mais aussi chimiquement toxique. On soupçonne ainsi la poussière martienne d’être tellement oxydante qu’elle serait capable de brûler les plastiques, les caoutchouc et les tissus organiques au premier titre duquel la peau humaine…
Sophie Hoguin
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