Un extrait de « Maîtriser le risque chimique dans les activités de dépollution de VHU » par Nicolas KIEFER.
Une directive européenne impose à la filière automobile un taux de réutilisation et de valorisation correspondant à 95 % du poids moyen par véhicule. Le taux de recyclage, lui, doit atteindre les 85 % du poids moyen par véhicule.
Cependant, les centres agréés en charge de la dépollution des véhicules hors d’usage (VHU), couramment désignés sous le terme de « casses automobiles », sont tenus de respecter diverses procédures lors des différentes manipulations. En effet, pour aussi bénéfiques qu’elles soient pour l’environnement, ces opérations exposent les salariés chargés de les réaliser à des risques chimiques dont doivent tenir compte les exploitants des centres.
Identifier les agents chimiques et le degré de risque
Les différents composants retirés lors du démantèlement peuvent être des fluides tels que les huiles de vidange, les lubrifiants, les liquides de freins ou de refroidissement… Il peut également s’agir des équipements propres au véhicule, notamment les garnitures de frein, les airbags, les batteries, les pots catalytiques, les pneumatiques et bien d’autres.
L’ensemble des éléments composant un véhicule expose ainsi les salariés à des risques plus ou moins élevés en cas d’inhalation ou de contact, et parfois même à un risque d’explosion. Il est donc indispensable de repérer les agents chimiques présents dans le VHU ou susceptibles d’être émis lors du démantèlement.
Ainsi, lors de leur aspiration, les fluides peuvent entrer en contact avec la peau ou bien émettre des substances qui seront inhalées par le salarié. C’est le cas notamment avec l’essence qui contient un solvant aromatique cancérigène. Le GPL, pour sa part, expose le technicien au risque d’asphyxie, mais également d’explosion.
Les filtres et condensateurs, quant à eux, contiennent différentes substances telles que les PCB ou PCT reconnus comme probables cancérigènes pour l’homme, mais que le salarié n’est pas toujours en mesure d’identifier lors du retrait.
D’autres risques existent bien sûr, dont l’exposition aux fibres d’amiante et aux fibres céramiques réfractaires consécutive au démantèlement des garnitures de freins. Citons également le risque de projection d’acide sur la peau ou les yeux lors de l’enlèvement des batteries au plomb/acide.
Prévenir et limiter l’exposition
Afin de limiter autant que possible les risques auxquels sont exposés les salariés, il est utile de prévoir une aspiration et un stockage des carburants et fluides au plus près de la source de pollution. Ces éléments seront ensuite stockés directement dans des cuves prévues à cet effet, puis collectés par une société spécialisée.
La diminution du risque passe également par le port des équipements de protection individuelle (EPI). Les masques filtrants, par exemple, permettent ainsi aux salariés de se prémunir contre le risque d’inhalation.
Par ailleurs, certaines opérations telles que le déboulonnage à air comprimé, générateur d’un fort empoussièrement, devront être proscrites.
Enfin, une attention forte devra être apportée à la maintenance des matériels et cuves, ainsi qu’au respect des valeurs limites d’exposition professionnelle, lequel devra être confirmé par un organisme accrédité.
La formation, un enjeu d’importance
Le démantèlement des VHU est une activité fortement réglementée, d’une part en raison de ses impacts sur l’environnement, mais également en raison des risques auxquels elle soumet les salariés en charge des différentes étapes devant être suivies. La prévention est donc primordiale.
Toutes les mesures prises par le centre agréé seront cependant vaines si elles ne s’accompagnent pas d’une formation solide des salariés et du respect des procédures prévues par la réglementation.
Les techniciens intervenant sur les différents fluides, filtres, batteries et autres équipements, devront ainsi être informés des différentes étapes de démantèlement des VHU, et des risques auxquelles elles exposent. L’importance sera également donnée au port, à l’entretien et au stockage des EPI. Par ailleurs, certaines opérations ne pourront être effectuées que par des salariés titulaires d’une attestation d’aptitude délivrée par un organisme évaluateur certifié.
Enfin, une bonne connaissance et le respect de la réglementation – déchets, environnementale – sont des préalables à une évaluation exhaustive des risques chimiques, ainsi qu’à une protection efficace de l’environnement et des hommes.
Exclusif ! L’article complet dans les ressources documentaires en accès libre jusqu’au 11 juillet 2024 !
Maîtriser le risque chimique dans les activités de dépollution de VHU, Nicolas KIEFER
Cet article se trouve dans le dossier :
La loi AGEC va-t-elle faire le tri dans la filière de traitement des VHU ?
- Le recyclage des VHU bouleversé par la loi AGEC ?
- Que devient un véhicule hors d’usage ?
- « Un centre VHU qui respecte la réglementation sera fortement courtisé »
- « Notre filière n’est pas gérée comme les autres filières de produits ciblées par la loi AGEC »
- Les thèses du mois : "La loi AGEC va-t-elle faire le tri dans la filière de traitement des VHU ?"
- La dépollution des VHU, une activité à risque pour les hommes et l’environnement
- La renaissance de la consigne des bouteilles en verre
- Consigne du verre : l’heure des choix pour changer d’échelle
- Le verre noir ou comment recycler les rebuts de verre
- La consigne pour recyclage des bouteilles plastiques ne sera pas généralisée
- 500 solutions pour une économie circulaire du plastique
- Second rapport annuel d’évaluation concernant la collecte des bouteilles plastiques de boisson
Dans l'actualité
- Filières REP : Un système recentré sur l’éco-conception se construit
- Les véhicules en fin de vie, une mine urbaine
- ACC, futur géant des batteries pour véhicules électriques made in Europe
- « Le recyclage des matériaux constituant les batteries est un enjeu immédiat »
- Le recyclage des VHU bouleversé par la loi AGEC ?
- Que devient un véhicule hors d’usage ?
- « Un centre VHU qui respecte la réglementation sera fortement courtisé »
- La majorité des décès liés à l’ozone en Europe s’explique par de la pollution importée
- NextMove passe la surmultipliée pour des plastiques plus vertueux