L'Amazonie va mal. Depuis la prise de pouvoir du président brésilien Jair Bolsonaro en janvier dernier, la déforestation a repris de plus belle, anéantissant les efforts de la dernière décennie. Les scientifiques craignent un point de non-retour.
Chose promise, chose due. Les uns après les autres, Jair Bolsonaro lève les freins à l’exploitation de la forêt amazonienne pour attirer les investisseurs agricoles et miniers. Après une réduction de 80 % du taux de déforestation de la forêt amazonienne entre 2006 et 2012, les gouvernements successifs ont assoupli les protections. L’année dernière, la déforestation a augmenté de 13%, atteignant son niveau le plus élevé en dix ans. Cette année est sur le point d’être bien pire et l’Amazonie pourrait rapidement renouer avec ses années les plus sombres.
Un article du New York Times rappelle que depuis janvier 2019, près de 3 500 km² de forêt amazonienne ont disparu. C’est 39% de plus qu’à la même période en 2018. Mais les choses s’accélèrent selon l’agence spatiale brésilienne. Sur le seul mois de juin, alors qu’a commencé une saison moins chaude et moins humide, plus propice au travail en forêt, 920 km2 de forêt tropicale ont disparu. C’est 88,4% de plus que l’année dernière. La déforestation pour le mois de juillet a atteint 1 864 km2 (+212 %). Ricardo Galvão, le directeur de l’Institut national de recherches spatiales (INPE) divulguant les données sur la déforestation a été licencié le 2 août dernier. Jair Bolsonaro lui reprochait justement de rendre public, mois après mois, ces chiffres, qu’il qualifiait de « mensongers ».
Le gouvernement brésilien ne semble pas disposé à combattre ces abattages illégaux. Au contraire, il laisse faire. Selon le New York Times, le nombre de sanctions – amendes, avertissement, saisi du matériel, voire sa destruction – émises par la principale agence environnementale du Brésil a baissé de près de 20 % dans les six premiers mois de l’année, alors même que la déforestation augmentait.
Vers des points de basculement
Selon un article paru dans The Guardian, la déforestation de l’Amazonie s’accélère vers un « point de basculement » au-delà duquel la forêt ne pourra plus être sauvée. Les scientifiques avertissent que la forêt risque de se dégrader de plus en plus en savane, après quoi sa capacité d’absorption du carbone sera sérieusement réduite, avec des conséquences pour le reste de la planète.
« Un certain nombre de points de basculement ne sont pas loin » , confie Philip Fearnside, chercheur à l’Institut national de recherche en Amazonie (INPA), à The Guardian. « Nous ne pouvons pas voir exactement où ils se trouvent, mais nous savons qu’ils sont très proches. Cela signifie que nous devons faire les choses tout de suite. Malheureusement, ce n’est pas ce qui se passe. Il y a des gens qui nient que nous ayons même un problème. »
Des indigènes menacés et une exploitation illégale en forte hausse
Il n’y a pas que la déforestation qui s’accentue. Le président brésilien favorise aussi le recul des zones réservées aux Indiens au profit des agriculteurs et des industriels. Des orpailleurs clandestins sont notamment suspectés du meurtre violent d’un chef indigène dans une réserve protégée le 23 juillet dernier.
Il y aurait une recrudescence de violence sur les terres autochtones depuis l’élection du nouveau président. Ayant à plusieurs reprises exprimé son opposition à l’exclusivité des terres amazoniennes pour les peuples indigènes, et sa volonté de légaliser l’orpaillage sur ces territoires, celui-ci estime que ne pas exploiter ces terres constituerait une entrave à l’économie brésilienne.
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