Les filières aéronautiques et de défense ont annoncé il y a quelques jours une vague d’embauches pour l’année en cours. Une bonne nouvelle, pour des filières industrielles en plein marasme depuis 2020, mais qui voient d’un bon œil la reprise du trafic aérien observée depuis l’année dernière.
Alors que la pandémie, toujours en cours, mais qui n’impacte plus aussi durement les échanges commerciaux et la fourniture de matériaux pour les industriels a tendance à disparaître de l’actualité, le grand plan d’investissement France 2030 a permis de redonner de l’élan à l’industrie tricolore.
Il est vrai que le gouvernement a mis le paquet sur la filière aéronautique : 1,2 milliards d’euros de nouveaux crédits, en plus des sommes colossales déjà engagées pendant la crise sanitaire pour soutenir un secteur alors à l’agonie. L’objectif fixé par le Président de la République est ambitieux, avec le développement d’ici 2030 d’un avion bas carbone. Par avion bas carbone, il faut entendre le développement de technologies qui vont permettre de faire baisser les émissions liées au transport aérien : moteurs à basse consommation, avion à hydrogène, motorisations hybrides et électriques, carburants durables, optimisation des vols… Le plan d’investissement France 2030 va permettre de financer ces innovations en y intégrant des start-ups tricolores qui travaillent déjà sur ces problématiques.
Ainsi, ce sont près de 400 millions d’euros qui vont alimenter les projets développés par des acteurs émergents de l’industrie aéronautique pour financer des projets à court termes, qui viendront soutenir les baisses d’émissions du secteur dans les prochains mois.
Ainsi, Airbus a annoncé se projeter sur pas moins de 13 000 embauches au niveau mondial pour l’année de 2023, avec plus de 3 500 recrutements prévus dans l’hexagone. Un quart de ces embauches sont destinées à alimenter les activités spatiales et de défense de l’avionneur, alors que le reste des recrutements permettra à Airbus d’opérer une montée en cadence de sa production. En effet, l’avionneur doit livrer dans les années à venir pas moins de 7 000 appareils, tout en préparant des modèles innovants décarbonés… tout un programme.
Un autre acteur majeur de la filière aéronautique française, Thales, a récemment annoncé le recrutement de près de 12 000 collaborateurs pour 2023, dont 5 500 en France. L’entreprise française, qui embauche depuis près de 10 ans pas moins de 5 000 collaborateurs par an à travers le monde, poursuit sur sa lancée de l’année dernière, qui avait vu Thales recruter près de 11 000 salariés.
Safran, autre acteur majeur de l’industrie aéronautique, compte embaucher 12 000 nouveaux collaborateurs cette année, après une année record en 2022 en termes de recrutements (près de 17 000).
Les autres acteurs de la filière aéronautique misent eux aussi sur l’embauche de nombreux collaborateurs cette année : 1 000 pour Dassault, 1 100 pour Daher… La problématique qui se pose désormais est l’adéquation entre les profils recherchés par ces grandes entreprises et la main d’œuvre disponible sur le marché du travail. En effet, les activités développées – hydrogène, carburants, électrification… – par les avionneurs recoupent celles développées dans d’autres secteurs industriels, et créent un goulot d’étranglement. Ainsi, la tendance actuelle projette un plus grand nombre de postes ouverts par les grandes entreprises de l’aéronautique que de diplômés sortant des écoles d’ingénieurs concernées par ces spécialités.
Comme pour d’autres secteurs de l’industrie, l’aéronautique et la défense vont devoir jongler entre l’offre et la demande, au niveau de l’emploi, pour mener à bien les ambitions tricolores d’ici à 2030.
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