Il y a quelques jours, Bernard Cazeneuve réalisait le changement de nature du terrorisme. Le ministre de l’intérieur français faisait référence à l’utilisation d’internet qui permet aux jihadistes de faire de la propagande et de recruter, constatant qu’ « Aujourd’hui vous avez 90% de ceux qui basculent dans des activités terroristes au sein de l’Union européenne qui le font après avoir fréquenté internet. Des sites, des blogs, des vidéos. On ne combattra pas le terrorisme si on ne prend pas des mesures de règlementation d’internet ». La guerre 2.0 a bel et bien commencée. Mais les plus rapides à engager des actions concrètes sont les experts en piratage informatique du mouvement Anonymous, fervents défenseur de la liberté d’expression. Suite aux attentats du 7 janvier, les Anonymous ont été les premiers à s’attaquer au mal présent sur la toile. Les hackers ont commencé par diffuser une liste de comptes d’utilisateurs des réseaux sociaux Twitter et Facebook invitant les internautes à les dénoncer, avec en ligne de mire leur suppression. Avec succès puisque en quelques heures à peine la trentaine de comptes cités avaient quasiment tous disparus. Tandis que les Anonymous continuent de marteler les cibles pro-terroristes, les terroristes ripostent en s’attaquant à des sites français. Mediapart, Slate, Le Parisien, 20 minutes, L’Express, Marianne et même Vanity Fair ont été inaccessibles pendant plus d’une heure, victimes d’une attaque de type déni de service qui consiste à rendre indisponible un service.
S’attaquer aux organes de communication était devenu une urgence. Grâce à Internet, les terroristes d’Al-Qaïda et de l’Etat Islamiste peuvent toucher un grand nombre d’individus. Plus besoin de faire venir les personnes se former en Syrie par exemple, il suffit de leur montrer des vidéos sur la façon de mener un attentat. « Il s’agit d’un phénomène que nous observons depuis plusieurs années : le terrorisme en solo. Ce sont des gens qui se radicalisent en ligne, n’ont pas de lien avec un réseau existant mais passent néanmoins à l’action » constate Thomas Hegghammer, directeur de recherches sur le terrorisme à l’Établissement norvégien de recherches sur la défense (FFI) à Oslo.
En attendant, le gouvernement vient tout juste de lancer son site Stop-djihadisme.gouv.fr pour informer le grand public et lutter contre l’enrôlement. Au travers de vidéos et de texte le site décrypte les techniques de recrutement et les messages des terroristes. Cette action d’information devrait être accompagnée de mesures plus directes comme le renforcement des moyens dédiés à la surveillance du cyberjihadisme.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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