De nouvelles solutions utilisant de l’azote liquide ou du CO2 liquide permettent de réduire les émissions polluantes liées au transport de denrées périssables. A l’occasion du Cold Chain Forum, les 23 et 24 octobre à Paris, on vous en dit plus !
La majorité des groupes frigorifiques actuels produisent du froid grâce à un moteur diesel. Ils consomment du carburant, génèrent du bruit et émettent du CO2 et des agents réfrigérants fluorés. Ils produisent donc une pollution sonore et atmosphérique. Avec les nouvelles solutions utilisant la cryogénie, il n’y a plus d’émission de particules, moins d’émissions de CO2 et moins de bruit !
Deux technologies principales : Blueeze et Cryotech
La solution Blueeze d’Air liquide utilise de l’azote liquide à -196°C. Les systèmes Cryotech brevetés par Thermo-King utilisent du dioxyde de carbone liquide recyclé à -98°C. Dans les deux cas, les véhicules frigorifiques se ravitaillent dans des stations de ravitaillement et embarquent les produits dans un réservoir dédié.
Les liquides réfrigérants stockés dans le réservoir sont libérés dans un serpentin de l’évaporateur. L’air du compartiment se refroidit au contact des échangeurs et le froid se diffuse de manière homogène grâce aux ventilateurs. Après avoir extrait toute l’énergie utile, le réfrigérant est rejeté sous forme gazeuse dans l’atmosphère.
Concrètement, grâce à une tablette tactile, le chauffeur indique une température consigne et le système libère précisément la quantité de réfrigérant requise dans l’échangeur. Le froid est activé par la fermeture de la porte arrière, stoppé en ouvrant la porte et remis en marche à leur fermeture. Ceci améliore l’efficacité énergétique et évite de chauffer lorsque la porte est ouverte…
Des pollutions réduites
Ces systèmes reposent sur le même principe que les groupes frigorifiques traditionnels au diesel, mais l’azote est non toxique (présent dans 80% de l’air que nous respirons), ininflammable et disponible. De son côté, le dioxyde CO2 libéré par le système CRYOTECH est du CO2 réutilisé, obtenu à partir de déchets industriels, de manière à ce qu’aucun gaz à effet de serre supplémentaire ne soit émis pendant le fonctionnement du groupe.
Le diesel émet 2,93 kg de CO2 par litre, lorsque l’azote n’en émet que 0,055 kg par litre. En fonction des consommations, un groupe mécanique froid au diesel émettra donc environ 30 tonnes de CO2 par an lorsqu’un groupe cryogène à l’azote n’en émettra, en France, que 6 tonnes environ. Cette empreinte carbone dépend en effet du mix électrique utilisé pour produire l’azote. Globalement, elle varie entre les pays, étant de 20 à 90 % inférieure à celle des groupes au diesel, explique un expert d’Air Liquide.
La puissance frigorifique disponible est beaucoup plus élevée dans ces systèmes, la descente en température étant jusqu’à 2 fois plus rapide. Chaque évaporateur a une puissance pratiquement constante, quelles que soient les températures ambiantes et intérieures du compartiment. C’est un avantage puisqu’un groupe classique perd de la puissance frigorifique quand la température extérieure augmente. De plus, la durée de vie de l’unité frigorifique serait au moins deux fois plus longue. Le coût de maintenance est également beaucoup moins élevé.
Un bruit maîtrisé
« La raison d’être de la cryogénie, c’est le bruit », affirme Eric Lunven, Directeur de Paris Froid Service, Distributeur Thermo-King. « Avec des produits cryogéniques, on est en dessous de la réglementation de 60 dB, ce qui permettra de faire des livraisons la nuit, lorsqu’elles sont autorisées », précise-t-il. La technologie répond en effet à la norme PIEK qui impose des contraintes de livraisons nocturnes en zones urbaines entre 23h et 7h. Le bruit est encore plus réduit lorsque la technologie est embarquée dans des véhicules hybrides ou électriques.
« Il y a une puissance et un rendement inégalité aujourd’hui, une possibilité accrue de réexploitation de l’installation au renouvellement d’un véhicule », affirme Pascal Saulet, Fondateur d’ATE, entreprise de transports de marchandises possédant trois camions cryogéniques utilisant la technologie Thermo-King.
Toutefois, notons que le réseau actuel de réapprovisionnement en CO2 et N2O est faible. Pour le moment, Air Liquide ne possède que 8 stations d’azote en fonctionnement en France. Mais le déploiement des stations se fera au fur et à mesure que la technologie se développera, assure la société !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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