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La croissance économique chinoise à la recherche d’un second souffle

Posté le 4 octobre 2024
par Nicolas LOUIS
dans Entreprises et marchés

Le géant asiatique peine à retrouver un taux de croissance qu'il a connu avant la crise sanitaire et vise un PIB de 5 % en 2024. Le pays est confronté à une sévère crise de son secteur immobilier, à des tensions géopolitiques qui freinent ses exportations et à une faible consommation intérieure.

Qu’il paraît loin le temps où l’économie chinoise enregistrait une croissance à deux chiffres. Au deuxième trimestre, le PIB a progressé de 4,7 %, selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS). Un rythme insuffisant face à l’objectif de Pékin d’atteindre 5 % sur l’année 2024. Même si le déclin a lentement démarré au début des années 2010, le décrochage s’est produit en 2020, au moment de la crise sanitaire, mais contrairement à la plupart des pays du monde, le géant asiatique n’a pas retrouvé son niveau précédant la pandémie. Certes, un net rebond a été observé en 2021, mais depuis la deuxième économie mondiale peine à redresser la barre et la situation semble structurelle.

Le pays a été pénalisé par sa stratégie « zéro Covid » et ce n’est qu’en 2023, lorsque les contraintes sanitaires ont été levées, que l’économie a pu reprendre et aurait dû se redresser en conséquence. Sauf que la Chine est engluée dans une crise immobilière déclenchée par un endettement excessif des promoteurs, conduisant certains à la faillite et dissuadant les Chinois d’investir dans la pierre. Véritable pilier de l’économie chinoise qui pèse près d’un quart du PIB, le secteur immobilier fait face à un effondrement des ventes de logements, des baisses des prix ainsi que des investissements.

Sur le plan des exportations, autre moteur essentiel de l’économie, la Chine subit aussi les barrières commerciales mises en place par les États-Unis, mais aussi l’Union européenne (UE), pour protéger leurs marchés de produits chinois et de leur concurrence jugée déloyale. Au printemps, Washington a annoncé l’introduction de droits de douane additionnels sur certains produits tels que l’automobile, le solaire ou les puces. De son côté, Bruxelles vient de confirmer sa volonté de surtaxer jusqu’à 36 % les importations de voitures électriques Chinoises, alors que jusqu’à présent, elles étaient ponctionnées à hauteur de 10 %.

Les cicatrices profondes laissées par les restrictions anti-Covid

La Chine se retrouve également confrontée à un défi démographique. L’an dernier, la population a diminué de 2,75 millions de personnes, un déclin plus rapide qu’en 2022. Le vieillissement de la population, qui est le résultat d’une politique de contrôle des naissances, conduit à une baisse du nombre des personnes en âge de travailler. À cela, s’ajoute une consommation en berne des ménages et des entreprises. Les restrictions anti-Covid semblent avoir laissé des cicatrices profondes au sein de la population, confrontée par ailleurs à la faible progression de ses revenus. Un chômage élevé est aussi observé, notamment chez les jeunes puisqu’il a atteint 17,1 % en juillet.

Pourtant, depuis 2017, la Chine tente d’effectuer un rééquilibrage de son économie vers un modèle de croissance plus qualitative et reposant davantage sur sa consommation domestique. Le dernier Plan Quinquennal (2021-2025) adopté a pour objectif de construire un « pays socialiste globalement moderne » à l’horizon 2035. Une politique structurelle doit être mise en œuvre, basée notamment sur le renforcement de la recherche et de l’innovation ainsi que sur l’éducation dans le but de consolider la classe moyenne. Mais ce nouveau modèle peine à se concrétiser et la consommation des ménages est pénalisée par un taux d’épargne élevé lié à la défiance de la population et l’absence de réformes de la protection sociale.

Au milieu de l’été, un sursaut de la deuxième économie mondiale était attendu à l’occasion du troisième plénum du comité central du Parti communiste chinois. Sauf qu’à l’issue de ce rendez-vous traditionnellement consacré aux sujets économiques, aucun changement radical pour relancer l’économie n’a été annoncé. Un concept de « Nouvelles forces productives de qualité » a été dévoilé. Il promeut la création de champions nationaux dont l’ambition est de dépasser leurs concurrents étrangers grâce notamment à leurs avances technologiques. Mais cette nouvelle stratégie n’explique pas la manière dont la Chine va stimuler sa demande intérieure ni même résoudre la crise immobilière, qui participe grandement aux difficultés économiques du pays.


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