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La crise force l’industrie à la sobriété énergétique

Posté le 18 novembre 2022
par Pierre Thouverez
dans Énergie

L’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières force l’industrie à opérer au ralenti. Et les perspectives des mois qui viennent laissent penser que cette sobriété énergétique forcée va durer dans le temps.

Depuis le milieu de l’année  2022, les prix de l’énergie se sont envolés. Pour les particuliers comme pour les entreprises et l’industrie au sens large. En effet, en moyenne sur le continent européen depuis trois mois, les prix de l’électricité ont été multiplié par quatre et celui du gaz par trois. Une hausse qui impacte directement l’industrie dans sa globalité, et plus durement certains secteurs, comme ceux de la fonderie et de la métallurgie, très énergivores. 

Ces hausses de prix trouvent leurs origines à travers deux réalités : la première est la reprise économique post Covid. En effet, la reprise de l’activité observée à la sortie des multiples confinements a mécaniquement fait grimper les prix de l’énergie, tout simplement à cause de la hausse subite de la demande.

Aussi, la guerre provoquée par la Russie en Ukraine est venue aggraver cette situation, l’Europe s’engageant à mettre en place des modes d’approvisionnement en gaz la libérant de son voisin russe, qui fournissait il y a encore quelques mois près de la moitié du gaz importé par les européens. Et qui en fournit toujours une grande partie.

Si l’Etat français a mis en place des mesures destinées à venir en aide aux entreprises dans l’incapacité d’absorber ces hausses, le gouvernement a également publié une feuille de route pour inciter les entreprises à plus de sobriété. En effet, les incertitudes sur les prix de l’énergie dans les mois qui viennent obligent les entreprises à évoluer rapidement vers des modes de fonctionnement plus sobres, pour limiter l’impact des fluctuations des prix, tributaires du contexte international.

Ainsi, le Ministère de l’Ecologie a publié au début du mois d’octobre un « plan sobriété », qui doit permettre aux entreprises de consommer moins d’énergie.

Un plan sobriété en dix points

Le premier point, celui sur lequel les économies potentielles sont les plus importantes, est le chauffage. De nombreuses entreprises ont une facture de chauffage très importante car elles possèdent de nombreux bâtiments qu’il faut chauffer pendant tout l’hiver. Pour certains secteurs d’activité, le chauffage des bâtiments représente plus de la moitié de la facture énergétique. Pour ces derniers, baisser la température des pièces de un degré permet de faire baisser leur facture d’environ 7 %.

Dans la même veine, une gestion plus intelligente des éclairages, soit en réduisant les éclairages extérieurs, soit en privilégiant des ampoules LED, doit permettre aux industriels de limiter leur consommation sans réduire la productivité du site concerné.

Viennent ensuite des dispositions plus sectorielles : pour les industriels utilisant des équipements de chauffage et de froid, il leur est conseillé de les optimiser le plus régulièrement possible, au-delà des inspections quinquennales, pour économiser l’énergie consommée par ces équipements. D’ailleurs, le gouvernement élargit ces recommandations à tous les types d’équipements industriels.

Le numérique est également un point sur lequel des économies d’énergies peuvent être réalisées : éteindre les ordinateurs le soir, être plus pointilleux sur les envois de mails non indispensables, mais aussi rationaliser la taille des salles de serveurs, les modes de refroidissement… ces dispositifs, autant au niveau des choix de l’entreprise que des habitudes des salariés, participent à la diminution de la facture énergétique de l’entreprise.

Enfin, le gouvernement insiste également à travers sa feuille de route sur l’importance d’impliquer les salariés dans ces démarches : par la formation, la pédagogie, et par l’action individuelle. En effet, chacun à leurs niveaux, les salariés peuvent choisir des modes de transports propres, faire un usage raisonné de leurs outils informatiques, ou encore télétravailler. Ce dernier point, le télétravail, peut se révéler être un outil très efficace pour économiser de l’énergie, si jamais il est accompagné d’une fermeture des bureaux qui ne sont pas occupés par les salariés en télétravail.

Pour terminer, il est aussi demandé aux entreprises de faire un état des lieux de ses consommations d’énergies et de ses pratiques. Pour, in fine, s’engager dans des démarches d’économies d’énergies plus ambitieuses, investir dans des projets d’efficacité énergétiques ou de décarbonation ou encore développer des produits et des services les plus éco conçus possible.

Si l’urgence climatique n’a pour le moment pas eu l’effet escompté sur les modes de production et de fonctionnement de l’ensemble du tissu industriel français, la crise énergétique actuelle fait bouger les lignes. Il en va de la survie d’une grande partie du tissu industriel tricolore. Les incertitudes quant à un retour à un prix de l’énergie plus raisonnable vont, à coup sûr, obliger les entreprises à considérer les ajustements que nous venons d’évoquer comme des obligations pour rester compétitives.

D’ailleurs, selon RTE, les premiers effets de ce plan commencent à se faire sentir, même si la douceur des températures au mois d’octobre incite à la prudence quant aux effets réels des incitations gouvernementales.

Par Pierre THOUVEREZ


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