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La concurrence sur les ravitailleurs spatiaux se met en place

Posté le par Sophie Hoguin dans Innovations sectorielles

Après les américains Orbital ATK et Space Systems/Loral, après l’annonce il y a un an d’Airbus Defence and Space, c’est au tour de Thales Alenia Space de présenter son projet de ravitailleur orbital, dont le premier vol de démonstration est prévu pour 2022. Un nouveau marché de services spatiaux prend forme.

Le magazine Challenges se faisait l’écho, le 15 novembre dernier, de la présentation du projet Space Start de Thales Alenia Space. Présenté à des représentants de l’ESA le 8 novembre dernier sur le site cannois de l’entreprise, Space Start est un projet de ravitailleur orbital déjà bien avancé, selon les déclarations faites par Jean-Loïc Galle, le pdg de Thales Alenia Space. Fruit de déjà deux ans de recherche, l’engin est destiné à effectuer des missions de ravitaillement de satellites, d’inspection d’objets spatiaux voire de retrait de débris ou de désorbitation de satellites. Le premier vol de démonstration est prévu en 2022. Nous voilà donc en plein « New Space » : nouveaux besoins, nouveaux marchés. Les services spatiaux se développent donc pour soutenir et maintenir les hordes de satellites qui sont lancés et dont les réserves de carburant sont limitées, ainsi que pour trouver des solutions afin d’assurer que l’espace reste libre en supprimant le plus de débris spatiaux, lesquels constituent une menace grandissante pour toute l’industrie aérospatiale.

Airbus : « Services en orbite » depuis un an

Avant cette annonce discrète de Thales, d’autres se sont déjà positionnés. Comme Airbus Defence and Space, le 27 septembre 2017, annonçant qu’il travaillait sur une gamme de véhicules de services aux satellites, capables d’assurer des missions de maintenance et de logistique sur des satellites, ainsi que de nettoyage de débris spatiaux. Le département « On-orbit servicing » était né. L’entreprise explique que « Airbus O. CUBED Services » sera la branche qui s’occupera des « SpaceTug », des ravitailleurs, réparateurs et remorqueurs spatiaux. Les véhicules dédiés à ces tâches pourront opérer soit pour l’inspection et la maintenance des satellites de télécom en orbite géostationnaire, soit pour la logistique des satellites tant en géostationnaire qu’en orbite basse, ainsi que pour le nettoyage actif de débris spatiaux. Aucune date de lancement n’a encore été fixée pour ces différents services ; cependant on peut noter que les technologies de nettoyage de l’espace sont déjà en test dans le cadre du projet RemoveDebris. Le déploiement d’un filet de capture a ainsi été testé avec succès le 16 septembre dernier.

Un premier lancement dès 2018

Les remorqueurs ou ravitailleurs spatiaux ont pour l’instant fait l’objet de recherches dans le cadre de stations spatiales et leur développement y a été étroitement lié. Les tailles des engins étaient aussi à cette mesure. Mais c’est maintenant à une tout autre échelle que les recherches se sont tournées. Sans surprise, on retrouve donc comme tête d’affiche sur ce marché l’américain Orbital ATK (devenue Northrop Grumman Innovation Systems depuis juin 2018) et qui a déjà à son actif une partie du ravitailleur de l’ISS Cygnus ou la conception de sondes interplanétaires comme Dawn. Il propose un modèle de véhicule baptisé « Mission extension vehicles » (MEV) dont le premier lancement est programmé à la fin de cette année. Le deuxième véhicule sur ce modèle est prévu pour 2020. C’est Intelsat qui a commandé ces deux premiers véhicules, conçus pour durer 15 ans et capables de s’arrimer de nombreuses fois durant leur durée de vie. Pour le moment, il ne s’agit que de remorqueurs : ils s’arriment aux satellites et rectifient, changent ou réorientent leurs orbites et trajectoires, venant ainsi en aide aux satellites à cours de carburant et permettant alors de prolonger leur durée de vie. En mars 2018, Northrop Grumman a aussi présenté deux véhicules complémentaires : MEP (mission extension pod) et MRV (mission robotic vehicle) qui doivent pouvoir assurer un ravitaillement en carburant pour le premier, des tâches de maintenance et réparation pour le second. Les premiers vols pourraient avoir lieu dès 2021.

De son côté, Space Systems/Loral (SSL), une société du groupe Maxar Technologies, a annoncé le 1er octobre dernier qu’elle était sélectionnée par la Nasa, pour développer les technologies clés liées à la conception de véhicules spatiaux capables de ravitailler et réparer des satellites à propulsion électrique en orbite. Il faut dire que SSL est bien placée sur ce créneau avec une très grande expérience de la propulsion électrique et de la robotique spatiale, puisque c’est elle qui a fourni les bras robotisés des différents rovers martiens, dont Insight lander. Elle est en outre partenaire privilégiée sur les missions de ravitaillement et maintenance en orbite géosynchrone de la Darpa du Pentagone (Defence Advanced Research Projects agency) et travaille sur des concepts de démonstration pour l’assemblage d’habitat en orbite dans le programme NextStep de la Nasa.

D’autres acteurs, plus humbles, sont aussi actifs, comme par exemple la société israélo-britannique, Effective Space Solutions, qui a conçu Space Drone™, un drone spatial de maintenance et de réparation. Sur le modèle des petits satellites, ce petit véhicule (1mx1mx1,25m) ne pèse que 400 kg et est alimenté par une propulsion électrique. Il peut positionner, maintenir et monitorer des objets spatiaux avec une durée de vie annoncée de 15 ans. Ses premières missions sont déjà planifiées pour 2020 sur deux satellites de communications.

Sophie Hoguin

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