Selon le site Blockchain France, « la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparentes, sécurisées, et fonctionnant sans organe central de contrôle ». Cette technologie informatique est apparue en 2008 et a été créée avec le Bitcoin, cette crypto-monnaie dont le nom est bien connu aujourd’hui. Il faut cependant savoir que les applications de cette nouvelle technologie vont bien au-delà de l’échange de Bitcoin, et que la Chine, tout comme les pays occidentaux, développe de plus en plus son utilisation dans beaucoup de secteurs différents.
La blockchain, qu’est-ce que c’est ?
La blockchain est une base de données qui conserve l’historique de toutes les transactions effectuées par ses utilisateurs depuis sa création. Les transactions des utilisateurs sont regroupées par blocs et ces blocs sont ensuite « validés » par ce qu’on appelle des mineurs, et inscrites dans un registre. Ce registre est une longue liste de blocs qu’on appelle blockchain.
A chaque fois qu’un nouveau bloc de transactions est créé, celui-ci s’ajoute à la blockchain. Les mineurs sont là pour faire en sorte que la blockchain ne puisse pas être modifiée. Une fois qu’un bloc de transactions a été créé, les mineurs appliquent une formule mathématique à ce bloc qui le transforme en une séquence de chiffres et de lettres appelée hash. Cette séquence est alors enregistrée avec le bloc à la fin de la blockchain. Cette séquence est très importante car si un seul caractère est modifié dans le bloc, la séquence se trouve complètement modifiée.
Afin de calculer la séquence, le mineur se sert des données du bloc mais également de la séquence du bloc précédent. Le fait que la séquence de chaque bloc soit calculée avec la séquence du bloc précédent permet de valider toute la chaine de blocs (la blockchain), car si quelqu’un tente de modifier un bloc dans la blockchain, cela pourra être directement détecté en comparant les séquences finales.
Ainsi cette technologie intéresse par son niveau de transparence – les utilisateurs ont accès à l’historique des données de la blockchain en tout temps -, par son niveau de sécurité – une fraude est rapidement détectée grâce au système de séquences -, et par le fait que ce système soit décentralisé.
Mais alors que le Bitcoin devient de plus en plus connu et utilisé, l’échange de crypto-monnaie et loin d’être la seule utilisation possible de cette technologie. Ethereum, par exemple, est une plateforme qui a été créée en 2013 et qui utilise la blockchain pour d’autres applications. Elle a sa propre crypto-monnaie appelée Ether, mais est notamment utilisée pour ses smart contract. La plateforme utilise le système de blockchain pour exécuter automatiquement les termes d’un contrat lorsque certaines conditions sont réunies (comme par exemple le paiement automatique d’un colis après la livraison ou le remboursement d’un billet d’avion après une annulation ou un retard). Un actif est en fait lié à un programme stocké dans la blockchainet, selon l’explication de Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum, « Le programme lance le code à un moment donné s’il valide automatiquement une condition et il détermine si l’actif doit être envoyé à une personne ou renvoyé à une autre, ou s’il doit être remboursé immédiatement à la personne qui l’a émis, ou une combinaison de tout cela ». Le fait d’utiliser une blockchain permet alors, comme expliqué ci-dessus, de détecter si une modification a été faite sur les termes du contrat grâce au hash. Le smart contract a également l’avantage d’être un système décentralisé puisqu’il ne nécessite pas l’intervention d’une tiers personne. Ce système reste encore très nouveau mais beaucoup y voient un avenir très prometteur.
En plus de Bitcoin et d’Ethereum, il existe d’autres plateformes qui utilisent les blockchain telles que Hyperledger ou Symbiont, et certaines grosses entreprises travaillent actuellement à développer leurs propres plateformes.
Comment se positionne aujourd’hui la Chine par rapport à cette nouvelle technologie ?
Alors que le gouvernement chinois était encore très sceptique par rapport à cette technologie informatique il y a encore deux ou trois ans, il encourage aujourd’hui officiellement le développement de l’utilisation des blockchaindans les institutions et les industries chinoises, et possèderait le deuxième plus grand nombre d’entreprises de blockchain au monde après les États-Unis.
Le 18 octobre 2016, le gouvernement chinois a publié un Livre Blanc intitulé The Blockchain Technology and Application Development Whitepaper, co-produit par le MIIT (Ministry of Industry and Information Technology), le National Standardization Commitee et le Chinese Blockchain Technology and Industrial Development Forum. Ce Livre Blanc détaille les applications potentielles de cette technologie, notamment dans le domaine de la finance qui intéresse beaucoup la Chine, mais aussi dans des domaines tels que les chaines de productions, le smart manufacturing ou l’éducation.
La Chine a également organisé les 30 et 31 octobre 2016 la First World Blockchain Conference qui s’est déroulée à Changsha dans la province du Hunan. Cette conférence était le premier évènement de cette envergure en Chine dédié à la blockchain. Le MIIT a invité plusieurs leaders importants du gouvernement et de l’industrie chinoise, notamment dans le secteur des banques et des assurances. Cet évènement couplé à la publication du Livre Blanc a mis en évidence le fait que cette technologie est une des priorités actuelles du gouvernement chinois et s’inscrit dans le cadre du 13ème plan quinquennal (2016-2020) au même titre que l’Intelligence Artificielle, le Cloud Computing ou le Big Data. Cette technologie est encore à un stade très peu avancé et ne possède pas encore de standards techniques, c’est pourquoi le MIIT a pour projet actuel de mettre en place un standard national pour l’utilisation de cette technologie.
Depuis 2016, plusieurs alliances ont été formées entre des institutions et des entreprises chinoises dans une optique d’explorer collectivement les applications possibles de la blockchain. La Shanghai Blockchain Enterprise Development Alliance a ainsi été établie en septembre 2016 entre plus de vingt partenaires chinois dans des secteurs tels que la finance, la logistique, la sécurité et la santé. Cette alliance a fait suite à l’établissement de la ChinaLedger Union à Pékin en avril 2016, et du Financial Blockchain Shenzhen Consortium qui a été créé lors d’un évènement à Shenzhen le 31 mai 2016.
Les villes de Pékin et Shanghai sont, comme pour la plupart des secteurs scientifiques, les plus gros pôles en Chine dans le développement de la technologie blockchain. Cependant, la ville de Hangzhou dans la province du Zhejiang semble également devenir un endroit incontournable en Chine dans ce domaine. La ville a organisé le 28 avril 2017 le Global Blockchain Financial Summit, et le gouvernement de Hangzhou a récemment annoncé la construction du premier parc industriel en Chine spécialisé dans la blockchain, avec à la clef des politiques préférentielles pour les entreprises voulant s’y installer. Le gouvernement leur a notamment promis des subventions pour des bureaux et le recrutement de talents et des déductions de taxes.
D’autres événements importants ont également eu lieu en Chine en 2016 et 2017 sur cette thématique. La Chine a notamment organisé la International Blockchain Week du 19 au 24 septembre 2016 à Shanghai, et la ville de Chengdu dans la province du Sichuan, qui se révèle également très active dans ce domaine, vient d’organiser la Global Blockchain Conference qui s’est tenue les 14 et 15 Juin 2017.
Quelles sont les acteurs et les applications majeurs de cette technologie en Chine ?
Wanxiang Blockchain Labs est l’institution leader en Asie en termes de recherche sur la technologie blockchain, elle a notamment beaucoup contribué au développement de la plateforme Ethereum en Chine. Ethereumest aujourd’hui utilisée par les plus grandes entreprises chinoises telles que Baidu et JD.COM qui l’utilisent notamment pour leurs services de payement. Un Ethereum Laboratory a été créé à la Peking University, l’une des meilleures universités chinoises, pour travailler sur l’optimisation de la gestion des chaines de production et des marchés de l’énergie, ainsi qu’un institut de recherche, le Jiangsu Huaxin BIockchain Research Institute, à Nanjing dans la province du Jiangsu, pour travailler sur le développement d’applications de la blockchain dans l’industrie et les services de formations personnelles.
Le groupe Wanxiang, à l’origine de la création de l’institut de recherche Wanxiang Blockchain Labs, est spécialisé dans la fabrication de pièces d’automobiles, et a annoncé en septembre 2016 qu’il s’apprêtait à investir 200 milliards de yuan (60 milliards de dollars) pendant les sept prochaines années dans le cadre de son projet de ville intelligente. Le potentiel de la technologie blockchain intéresse le groupe notamment pour la conception de ses smart cars, car l’un de leurs objectifs serait d’utiliser la blockchainpour surveiller l’utilisation des batteries de leurs voitures. Le principe serait de louer et non de vendre les batteries aux acheteurs afin de réduire le coût d’achat et d’utiliser la blockchain pour enregistrer les données des batteries et surveiller leur utilisation. Aujourd’hui l’entreprise collecte déjà les données de ses batteries mais estime que la blockchain pourra mieux garantir l’intégrité de ces données. Wanxiang est également à l’origine de la création du premier accélérateur en Chine dédié à la blockchain, Chainbase Accelerator.
Le secteur financier en Chine s’intéresse également de près à cette technologie informatique. Le pays y voit une solution pour augmenter la transparence et combattre la fraude. Les banques cherchent de plus en plus à embaucher des experts dans ce domaine car, alors que quatre banque chinoises figurent dans le top 5 mondial des banques possédant les plus grands capitaux, beaucoup utilisent encore le papier et les faxes. Les banques parcourent ainsi les universités et les start-ups technologiques à la recherche de talents, avec à la clef des salaires s’élevant jusque 1.2 millions de yuan (175 000 dollars). Elles recherchent des personnes ayant une créativité suffisante pour trouver de nouvelles applications à cette technologie. Les banques chinoises auraient un retard d‘environ un an sur l’adoption de la blockchain par rapport aux pays occidentaux et essayent aujourd’hui de rattraper ce retard. La People’s Bank of China (PBOC) a révélé plusieurs fois dans les médias chinois qu’elle aurait validé avec succès une série d’essais de sa propre version de monnaie digitale avec l’objectif de devenir la première banque à sortir sa propre monnaie digitale.
Le secteur de la grande distribution en Chine est aussi très actif dans le développement de cette technologie. Le géant Alibaba souhaiterait commencer à utiliser la blockchain pour améliorer la traçabilité de ses produits tout au long de leur chaine d’approvisionnement afin d’être capable de vérifier leur authenticité. En effet la Chine fait face à un gros problème de vente de « fausse » nourriture et la blockchain permettrait d’aider à lutter contre ce problème. Chaque consommateur pourrait par exemple scanner un code QR sur l’emballage d’un produit avec son téléphone portable et recevoir directement des informations sur le produit, avec le détail de ce que contient l’emballage et son origine. Au lieu d’utiliser des documents papier, facilement falsifiables, la blockchain permet d’établir un historique de la provenance du produit et des étapes de sa chaine d’approvisionnement accessible aux utilisateurs. Walmart, IBM et l’Université de Tsinghua ont également établi une collaboration sur ce sujet.
Un autre grand projet chinois dans ce domaine est celui de Tencent, le géant de l’Internet en Chine, qui est en train de développer sa propre plateforme de blockchain, Trust SQL, dont les plans sont détaillés dans un nouveau Livre Blanc. L’entreprise a commencé à exprimer un intérêt pour cette technologie lorsqu’elle a rejoint le Financial Blockchain Shenzhen Consortiumen mai 2016. Tencent souhaite utiliser cette plateforme pour fournir tous les outils nécessaires aux entreprises afin qu’elles développent elles-mêmes leurs applications basées sur la blockchain.
Bien d’autres utilisations possibles de la blockchain sont à explorer en Chine. Cette technologie pourrait par exemple permettre de vendre l’énergie collectée par un particulier à ses propres voisins, sans passer par les réseaux de distribution, cette application a déjà été testée au États-Unis et semble intéresser la Chine. Pour ce qui est des acteurs chinois dans ce domaine, toutes les grandes entreprises chinoises s’intéressent aujourd’hui au sujet et de nombreuses start-ups commencent à voir le jour dans ce domaine.
Quels sont les enjeux à venir pour cette technologie en Chine ?
La blockchain reste une technologie très jeune qui n’a pas encore vraiment fait ses preuves, même si le gouvernement et les entreprises chinoises y voient un énorme potentiel. Le Livre Blanc publié par le MIIT en octobre 2016 souligne notamment le manque de standardisation de cette technologie. On peut également se poser la question de savoir si le mode de décentralisation qui est caractéristique de la blockchain peut réellement rentrer en adéquation avec les pratiques qui restent souvent très centralisées en Chine.
Rédacteur : Camille MUSQUAR
Source : www.diplomatie.gouv.fr/selon-le-site-blockchain-france-la-blockchain
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