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La Chine affiche ses ambitions lunaires et au-delà

Posté le 3 juillet 2019
par Sophie Hoguin
dans Entreprises et marchés

Les missions lunaires Chang’e de la Chine sont déjà programmées depuis des années, mais 2019 marque un nouveau pas dans les ambitions du pays vers notre satellite naturel.

Au moment où les Etats-Unis annoncent leur grand retour dans la course à la conquête de la Lune, avec des objectifs ambitieux de vols habités et de futur départ vers Mars, la Chine a elle aussi fait part de ses ambitions. En Chine, à l’instar du programme économique, le programme spatial est lui aussi bien planifié et les objectifs très graduels avec un beaucoup de pragmatisme. De plus en plus, la Chine communique sur ses objectifs et s’ouvre à des coopérations internationales pour avancer plus vite dans ce domaine. En ce qui concerne la Lune, la Chine a donc commencé avec son programme « Chang’e ». Des sondes, un orbiteur, un premier atterrisseur et bientôt deux missions de retours d’échantillons. Mais les Chinois ont annoncé officiellement dès fin 2018 qu’ils comptaient bien aller au-delà dans la conquête de la Lune.

Le pôle sud en ligne de mire

Dès mars 2018, Wu Weiren, un des responsables du programme d’exploration lunaire Chang’e, avait déclaré à la télévision chinoise que la quatrième phase des missions lunaires était planifiée ; son objectif était le pôle sud avec une possible installation d’une station de recherche destinée à des robots. Cette installation a pour but de mieux connaître les ressources potentielles de notre satellite. Le choix du pôle sud a été justifié par le fait que cette région de la Lune reçoit la lumière du soleil presque toute l’année, fournissant ainsi une source d’énergie, et que la présence d’eau est avérée. Deux ressources essentielles pour faire fonctionner une station de recherche. Il avait ajouté que les Chinois aimeraient être les premiers à atterrir au Pôle sud vu que personne ne l’avait encore fait mais que d’autres pays était sur la ligne de départ. Il pensait alors aux Indiens dont la mission Chandrayaan-2 (régulièrement repoussée) doit se poser près du Pôle sud lunaire cet été. Et désormais les Etats-Unis sont aussi sur la ligne de départ.

Fin avril 2019, Zhang Kejian, responsable dans l’administration nationale chinoise de l’espace, a en outre ajouté que cette station de recherche scientifique serait suivie de missions habitées d’ici une dizaine d’années. Une annonce qui confirme ce que laissaient à penser le développement du successeur du vaisseau de transport habité Shenzhou ou les travaux sur un lanceur très lourd de type Saturn V (qui devrait être la Longue Marche 9).

Chang’e 6 se fera avec la France

Les débuts de l’exploration lunaire chinoise ont commencé en 2007 et 2010 avec deux orbiteurs, Chang’e-1 et Chang’e-2, qui ont observé et cartographié la surface de la Lune. En 2013, deux engins ont atterri : la sonde Chang’e-3 s’est posée sur Mare Imbrium en compagnie d’un petit rover, Yutu. La mission suivante était plus périlleuse puisque cette fois la Chine visait la face cachée de la Lune, où personne ne s’était encore jamais posé. Repoussée plusieurs fois, Chang’e-4 s’est finalement déroulée parfaitement en janvier 2019 et cette mission s’est non seulement révélée une réussite technique et scientifique (atterrissage réussi, pousse pendant quelques jours d’un germe de coton dans une petite biosphère, analyse de la composition du minerai…) mais aussi médiatique (mettant la Chine spatiale en Une des journaux du monde entier).

La suite du programme Chang’e prévoit deux missions de retours d’échantillons. La première, Chang’e-5, doit être lancée d’ici la fin de l’année 2019. Pour la seconde, Chang’e-6, la Chine avait lancé un appel à coopération internationale car la sonde devrait pouvoir embarquer jusqu’à 20kg de matériel de recherche. La France a été choisie de manière privilégiée puisqu’il est prévu que le CNES embarque 15kg de matériel d’expériences notamment pour l’analyse chimique du minerai lunaire. Le lancement est programmé pour 2023. Chang’e-5 constitue une mission ambitieuse car elle n’est pas qu’un simple retour d’échantillon lunaire, elle doit surtout servir à tester de nombreuses capacités de la Chine spatiale :

Toutes ces technologies ont d’ores et déjà été testées par la Chine à l’occasion des vols de tests ou des technologies utilisées sur ses stations de recherches en orbite basse (mini station spatiales) Tiangong 1 et Tiangong 2. Mais cette fois, cela se fera loin de la Terre, à proximité d’un autre astre.

Par ailleurs, la Chine travaille sur la programmation de Chang’e-7 et 8 qui poseront les bases de cette station de recherche robotique et s’apparente un peu au concept de village lunaire de l’ESA. Pour la suite de ces missions, la Chine n’a d’ailleurs pas de plans préconçus et devrait faire appel à des coopérations internationales avec l’Europe ou la Russie.

La Lune… et au-delà

Les ambitions spatiales de la Chine ne s’arrêtent pas à la lune. Dans ses cartons, l’Empire du Milieu vise Mars avec une première mission dans les années 2020 et un projet de retours d’échantillons de Mars pour 2030. Cette mission nécessitera alors forcément la mise en service d’une fusée de type Longue Marche 9. D’autres projets sont à l’étude : une mission sur astéroïde ou encore une mission d’observation de Jupiter ; à terme la Chine espère pouvoir aller explorer les confins de notre système solaire. En parallèle, le pays continue de travailler à la mise en orbite de sa troisième station spatiale orbitale Tiangong 3 dont la mise en service est prévue en 2022. Cette dernière accueillera des expériences scientifiques ouvertes à tous pays. Un concours a d’ailleurs été organisé en ce sens et vient de sélectionner neuf projets impliquant des scientifiques de 17 pays.


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