Techniques de l’ingénieur : Avec quels organismes français et étrangers travaillez-vous ?
En France, nos interlocuteurs principaux sont la DGPR, le Bureau des Risques Technologiques et des Industries Chimiques et Pétrolières (BRTICP), le Bureau de la Sécurité des Equipements Industriels, la Mission Transport de Matières Dangereuses, et les inspecteurs des installations classées au sein des DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), avec qui nous dialoguons beaucoup. À côté de cela, nous nous appuyons aussi beaucoup sur les rapports des pompiers, très détaillés sur la chronologie des accidents.
Nous sommes régulièrement en contact avec les industriels, mais de manière indirecte, par l’intermédiaire des syndicats professionnels. L’Union des Industries Chimiques (UIC) représente ainsi l’une des filières industrielles les plus importantes en France. Mais il s’agit également du secteur industriel où il y a eu le plus de morts sur les vingt dernières années – avec toutefois des variations annuelles significatives, et notamment un pic avec l’accident d’AZF en 2001.
Nos autres partenaires industriels sont les pétroliers, UFIP (Union Française des Industries Pétrolières) et GESIP (Groupe d’Études de Sécurité des Industries Pétrolières et Chimiques), le SFEPA (Syndicat des Fabricants d’Explosifs, de Pyrotechnie et d’Artifices) , l’AFGC (Association Française des Gaz Comprimés) et le SHD (Syndicat des Halogènes et Dérivés).
Quant à l’international, nous travaillons en étroite relation avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne, et les Pays-Bas. De même qu’avec l’organe chargé du recueil de l’accidentologie à l’échelle européenne, le MAHB (Major Accident Hazards Bureau). C’est un organe assez récent, qui date d’il y a une quinzaine d’années, et qui prévoit pour les états membres l’obligation de notifier à la Commission Européenne les accidents majeurs. Le MAHB dispose d’ailleurs aussi d’une base de données, la base MARS (Major Accident Reporting System).
Que peut-on souhaiter pour améliorer la prévention des risques industriels ?
La prise en compte du retour d’expérience est un chantier plus que jamais d’actualité. Aujourd’hui encore, trop d’accidents surviennent parce que le retour d’expérience d’évènements similaires, parfois même au sein du même groupe industriel, n’a pas été intégré.
Il nous faut poursuivre notre réflexion sur différentes problématiques, celle notamment des états « non standard », c’est-à-dire quand les installations ne fonctionnent pas en régime nominal. Ainsi, nous avons constaté, et de manière très nette, que parmi les accidents survenus récemment, et notamment en 2010, beaucoup s’étaient produits durant des phases de travaux (présence de sous-traitants ne connaissant pas les lieux et les installations, risques engendrés par la co-activité, etc.)
De même, nous observons que les « travaux par points chauds » et les phases de démantèlement sont particulièrement accidentogènes.
Depuis 2008-2009, le ministère du Développement Durable s’intéresse également à la problématique du vieillissement des installations, suite à des pollutions survenues en raison de ruptures de canalisation. Sachant que la plupart des sites industriels ne sont pas neufs, il reste encore beaucoup de travail à faire.
Un dernier axe de réflexion concerne enfin l’intégration de la société civile à la problématique de la prévention des risques. Je le disais tout à l’heure, toute la démarche du BARPI depuis une dizaine d’années consiste à s’ouvrir plus largement au public. Nos résumés d’accident sont accessibles à tous, et depuis quelques temps, suite à une refonte du site Internet, la base ARIA a gagné encore en ergonomie et en attractivité.
Il y a de la part de la société actuelle un besoin réel d’une plus grande transparence de la part des industriels. C’est pourquoi nous développons actuellement une démarche de « communication à chaud » en cas d’accident. Les sites Seveso dialoguent avec les riverains, notamment au sein des CLIC (Comités Locaux d’Information et de Concertation) qui sont mis en place autour de chaque site Seveso et qui échangent sur le plan de prévention des risques technologiques. Mais cela reste une démarche de communication « à froid », qui doit être complétée ensuite par une démarche de communication « à chaud ». Lorsqu’il survient un évènement sur un site, l’exploitant doit, de notre point de vue, aller spontanément en informer les riverains et les associations, en plus de l’État et des collectivités. Même s’il s’agit d’un évènement sans conséquence corporelle par exemple, mais avec un retentissement à l’intérieur du site, l’exploitant se doit de tenir au courant la population locale. Cela peut passer par un rapide communiqué de presse auprès des médias locaux, l’essentiel étant que les riverains aient l’information et ne soient pas obligés d’aller la chercher.
Cela nous semble primordial pour instaurer un climat de confiance entre les industriels et la population alentour. Les industriels ont, du reste, tout à y gagner en termes d’image et de crédibilité. Le public doit prendre conscience que nous sommes, dans ce domaine-là comme dans d’autres, dans une démarche d’amélioration continue.
Propos recueillis par Carole Hamon
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