On distingue quatre types de risques pouvant résulter d’une exposition à des agents biologiques :
- Les risques infectieux : ce sont les mieux connus, en particulier en milieu professionnel. Les infections sont dues à la pénétration, puis à la multiplication d’un agent biologique dans le corps.
- Les risques immuno-allergiques : ils correspondent le plus souvent à des phénomènes de stimulation excessive des défenses immunitaires se traduisant par un asthme, une rhinite ou une pneumopathie d’hypersensibilité. Ces réactions sont dues à la présence dans l’organisme d’un allergène pouvant provenir d’un agent biologique qui peut être un fragment ou une substance sécrétée par l’agent biologique
- Les effets toxiniques : il s’agit des effets toxiques dus à la présence dans l’atmosphère de travail de toxines secrétées par les agents biologiques (mycotoxines secrétées par des moisissures) ou composants de la paroi des bactéries Gram Négatif (endotoxines).
- Les effets cancérogènes : le Centre international de recherche contre le cancer classe cancérogènes certains agents biologiques, certaines mycotoxines, ainsi que certaines infections, quand elles deviennent chroniques.
La réglementation classe les agents biologiques en fonction de leur risque infectieux en 4 groupes de pathogénicité croissante, notés de 1 à 4. Ce classement ne prend pas en compte les autres risques biologiques, mais les agents classés 2 et 3 peuvent être accompagnés d’une note A « effets allergisants possibles » ou T « production de toxine ».
Activités susceptibles d’exposer un individu à un risque
Selon l’enquête SUMER 2003, plus de 15 % des travailleurs se déclarent exposés à des agents biologiques dans le cadre de leur activité, ce qui représente 2,6 millions de travailleurs. De nombreux secteurs d’activité sont concernés : métiers de la santé, en laboratoires de recherche, métiers au contact d’animaux vivants ou morts, métiers du funéraire, du secteur agroalimentaire, du traitement de l’eau ou des déchets…
Pourcentage, par secteur professionnel, des travailleurs qui se déclarent exposés à des agents biologiques dans le cadre de leur activité | |
Secteur santé-action sociale : milieux de soins, laboratoires d’analyses médicales, services funéraires… | 66% |
Agriculture : éleveurs, horticulteurs, maraîchers, arboriculteurs, viticulteurs, forestiers… | 33% |
Industries agricoles et agroalimentaires | 31% |
Services à la personne | 27% |
Recherche et développement | 24% |
Source : données SUMER 2003
Evaluation et prévention
Les travailleurs peuvent être exposés à des agents biologiques dans deux types de situations : lors d’une utilisation délibérée de micro-organismes ou lors d’une exposition potentielle.
- Dans le cas d’une utilisation délibérée, l’agent biologique fait partie du procédé industriel. Il est à la base de la réalisation finale. Ainsi, l’industrie pharmaceutique et les industries biotechnologiques en général utilisent les capacités de synthèse d’agents biologiques pour l’obtention de princips actifs. On connaît l’identité précise des agents biologiques et les quantités mises en œuvre. L’évaluation des risques et la prévention se rapprochent de celles faites face à un produit chimique.
- Dans une situation d’exposition potentielle, les agents biologiques ne font pas partie du procédé industriel, mais sont présents du fait de l’activité. Dans ce cas, la démarche d’évaluation des risques est facilitée par l’utilisation de la chaîne de transmission.
Une chaîne de transmission est constituée de cinq maillons :
- Le réservoir : c’est la source, le lieu dans lequel s’accumulent et prolifèrent les agents biologiques. Le réservoir peut être vivant (animal, patient…) ou inanimé (seringue, eau…).
- Les portes de sortie : pour qu’il y ait risque d’exposition, il faut que les agents biologiques puissent sortir du réservoir ou que le travailleur puisse avoir accès à ce réservoir.
- La transmission :en milieu professionnel, elle peut se faire essentiellement par voie aérienne, par contact avec la peau ou les muqueuses, par inoculation (accident, morsure ou piqûre d’insecte) ou par voie digestive.
- Les portes d’entrée : elles sont liées aux différents modes de transmission : voies respiratoires pour la transmission aérienne, muqueuses et/ou peau au cours d’un contact, voie sanguine lors d’une piqûre ou d’une blessure, voie digestive en portant les mains ou un objet à la bouche.
- L’hôte potentiel : dans le cas des risques biologiques en milieu professionnel, il s’agit du travailleur qui se trouve en bout de chaîne de transmission. Il va être contaminé et pourra développer la maladie si l’exposition est suffisamment importante et s’il n’est pas protégé.
Démarche de prévention des risques : rompre la chaîne de transmission
La prévention des risques consiste à rompre la chaîne de transmission, le plus en amont possible, par des mesures d’organisation du travail, de protection collective et individuelle, d’information et de formation des personnels, y compris les personnels intérimaires et intervenants extérieurs.
Chaque fois que cela est possible, les mesures de protection doivent avant tout porter sur l’origine des risques donc sur le réservoir. Elles sont à envisager selon les situations professionnelles ; par exemple, en santé humaine, il s’agit de dépister et traiter au plus tôt les patients ; en santé animale, les mesures sont parfois plus radicales (abattage d’un troupeau en cas de brucellose…) ; pour d’autres situations professionnelles, ce sera la désinsectisation, la dératisation…
Les actions de prévention peuvent également porter sur la transmission : mesures d’isolement d’un malade, amélioration de la ventilation, limitation des projections, mesures de désinfection…
Quand les mesures de protection collective ne suffisent pas ou ne peuvent pas être mises en place rapidement (remise en cause de l’organisation du travail, nouvelle conception des locaux et/ou des matériels…), il est possible d’avoir recours à des équipements de protection individuelle adaptés au contexte professionnel tels que gants, tabliers ou appareils de protection respiratoire (cf. texte APR dans ce dossier), afin de protéger les portes d’entrée.
Intégrer le concept de « fil rouge » à sa démarche d’évaluation
Le concept de chaîne de transmission est un « fil rouge » que chaque préventeur peut s’approprier comme démarche d’évaluation et de prévention des risques biologiques en entreprise afin de les faire figurer sur le document unique au même titre que les autres risques (physiques, chimiques…).
Quelques exemples de chaînes de transmission
Véronique Caron, Conseiller médical en santé au travail, INRS département Études et Assistance MédicalesPour en savoir plus :
- Risque biologique en milieu professionnel. INRS, 2007 (www.inrs.fr/dossiers/risquebiologique.html).
- Les risques biologiques en milieu professionnel, ED 6034 (2008)
Les autres articles du dossier
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- Glossaire des risques biologiques
Agent | Réservoir | Porte de sortie | Voie de transmission | Porte d’entrée | Symptômes | |
Traitement des eaux usées et leptospirose | Leptospires | Rats | Urines | Pénétration par la peau et les muqueuses | Peau et muqueuses | Fièvre, Atteinte du foie, des reins |
Pose d’antenne en toiture et ornithose | Chlamydia psittaci (une bactérie) | Oiseaux | Fientes | Inhalation de poussières de fientes desséchées | Voies respiratoires | Fièvre, Atteinte pulmonaire |
Tour aéroréfrigérante et légionellose | Légionelles | Eau du circuit de refroidissement | Gouttelettes émises dans la tour ou à l’extérieur (travaux sur toiture) | Inhalation d’aérosols de gouttelettes d’eau contaminée | Voies respiratoires | Fièvre, Atteinte pulmonaire |
Pose d’antenne en toiture et ornithose | Penicillium | Flore de surface et «farine» servant à traiter le saucisson | Poussières | Inhalation de poussières contaminées (ensemencement, brossage, conditionnement) | Voies respiratoires | Rhinite, Asthme, Pneumopathie d’hypersensibilité |
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