Mineur. C’est l’adjectif utilisé par les autorités ukrainiennes pour qualifier l’incident, justifiant l’effondrement du toit et des murs par une quantité de neige trop importante qui aurait pesé trop lourd, il y a quelques semaines. Une explication qui soulève à nouveau la question de la sûreté du sarcophage, érigé dans l’urgence suite au drame du 26 avril 1986. Classé au niveau 7, soit le niveau maximum, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl due à la fusion accidentelle du cœur d’un réacteur avait provoqué un rejet massif de particules radioactives dans l’atmosphère et la contamination des terres dans un rayon d’une centaine de kilomètres. Il s’agit à ce jour de la plus grande catastrophe nucléaire, devant celle de Fukushima en 2011.
Rappelons que ce drame a été provoqué par une succession d’erreurs techniques des responsables du site dont le respect des normes de sécurité n’était pas la priorité. C’est malheureusement en toute logique que la gestion de la crise fut tout aussi calamiteuse. La pose du sarcophage par des hommes mal protégés et qui ne pouvaient rester trop longtemps à leur poste (bien que le simple fait d’être là les ont exposé à des doses mortelles) laisse perplexe, sa solidité étant plus qu’incertaine.
Le bâtiment concerné par l’effondrement des murs et du toit est une salle des machines ne contenant pas de combustible. Le risque est néanmoins présent puisque cet espace est quand même contaminé et contient des particules radioactives. L’effondrement d’une partie de cette enveloppe d’acier est inquiétant à double titre.
D’une part il confirme la fragilité de l’édifice, d’autre part il pourrait être le début d’une dégradation massive : fragilisés, les murs mitoyens pourraient eux-aussi s’effondrer. Le pire serait l’effondrement du sarcophage au niveau du réacteur car il contient la quasi-totalité des 190 tonnes de combustibles de l’époque. L’isolement de la centrale ne serait alors plus assuré, et des particules radioactives s’en échapperaient, replongeant les populations locales dans un scénario catastrophe.
C’est justement pour éviter cela qu’un nouveau sarcophage est en cours de construction depuis l’année dernière, l’édifice devrait être achevé en 2015. 257 m de long pour 108m de hauteur, la nouvelle enveloppe assurera enfin le confinement de la centrale avec sérieux. Du fait de l’incident, les sociétés Bouygues et Vinci ont stoppé leur travail, en attendant d’être sûres que le reste du toit ne va pas lui aussi céder.
Les autorités Ukrainiennes se veulent rassurantes, assurant n’avoir détecté aucune augmentation de la radioactivité. Espérons qu’elles n’ont plus rien à voir avec ces autorités de l’époque qui faisaient défiler des enfants sur le site de la centrale le jour même de la catastrophe pour prouver au monde entier qu’il n’y avait rien à craindre…
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
Dans les bases documentaires