Les différents choix énergétiques nous obligent à faire des compromis. Avec le pétrole, nous avons gagné en mobilité, mais nous avons hérité de la pollution atmosphérique, des marées noires et de la guerre pour les ressources. Les mêmes compromis sont vrais en ce qui concerne les énergies renouvelables.
Dans ce domaine, le mot clé est « durable ». Si l’option du renouvelable nécessite des combustibles fossiles, on ne peut pas dire qu’elle est durable. Elle peut néanmoins l’être pendant une longue période, par exemple, si les besoins en combustibles fossiles sont faibles ou s’il s’agit de combustibles fossiles que nous possédons encore en abondance. Mais cela amène d’autres compromis. La solution parfaite n’existe pas, mais les compromis peuvent être plus ou moins à notre avantage. Pour un pays tropical comme le Brésil, je pense que l’éthanol tiré de la canne à sucre est une bonne solution. Mais dès que l’on essaie d’augmenter la production pour l’exportation, cela implique des compromis plus difficiles. Une des options qui me semble intéressante à long terme est le diesel vert fabriqué par hydrotraitement ou hydrocraquage de plantes oléagineuses ou par gazéification de la biomasse, ensuite converties via le procédé Fischer-Tropsch en carburant (ainsi que le fait Choren).
Le jatropha curcas est une option intéressanteEn ce qui concerne l’hydrocraquage, l’utilisation de plantes oléagineuses particulières (ou de graisse animale) implique davantage de compromis. Prenons l’huile de palme, par exemple. Le palmier fournit de l’huile en abondance et il est une nouvelle source de revenus pour de nombreux pays tropicaux. Mais la demande en provenance des pays développés a conduit à la déforestation massive alors que certains pays tropicaux plantent précipitamment des plantations de palmiers.Le jatropha curcas est une option intéressante. Son principal avantage est qu’il pousse sur des sols marginaux et supporte bien la sècheresse. On pourrait penser que dans ces conditions, il ne consomme pas beaucoup d’eau. Hors, une étude intitulée « L’empreinte d’eau de la bioénergie » publiée récemment dans PNAS affirme le contraire.Le graphique montre que le jatropha est le plus gros consommateur d’eau en Gigajoules de carburant produit. Nous pensons aujourd’hui que le monde est confronté à une crise très sérieuse de l’approvisionnement en eau douce. C’est pourquoi un compromis important sera la quantité d’eau consommée par les cultures destinées à produire de l’énergie.L’étude n’explique pas en détail la méthodologie utilisée. Il m’est donc difficile d’en critiquer les résultats. D’autres études ont toutefois montré que le jatropha pouvait produire de l’huile tout en ayant des besoin minimaux en eau.
Minimiser les inconvénients des compromisIl est possible que les meilleurs rendements soient obtenus avec beaucoup d’eau. Mais dans beaucoup d’endroits, peu importe d’obtenir des rendements moins importants pour autant que la consommation d’eau soit faible. Le fait est que ce genre de compromis va s’imposer, quelle que soit l’option énergétique choisie. C’est toujours quelque chose à prendre. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas le choix.Alors que nous nous tournons de plus en plus vers la bioénergie, il est crucial de faire les choix qui minimisent les inconvénients des compromis. Malheureusement, l’histoire a montré que ceux qui bénéficient des aspects positifs des compromis, ne sont pas toujours les mêmes que ceux qui en supportent les aspects négatifs.Robert Rapier est directeur ingénierie chez Accsys Technologies PLC et anime le blogR-Squared Energy Blog.
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