La Banque Postale vient de fournir de nouveaux engagements de décarbonation. En plus du charbon, elle arrêtera ses investissements dans le gaz et le pétrole d’ici 2030. Sa trajectoire de décarbonation a été validée par l’organisme indépendant de référence « Science Based Targets initiative ».
La Banque Postale abandonnera tous ses investissements dans les énergies fossiles conventionnelles et non conventionnelles d’ici 2030, a-t-elle annoncé le 14 octobre. Elle devient ainsi la première banque au monde à s’engager pour une sortie totale des secteurs du pétrole et du gaz d’ici 2030, partage-t-elle dans un communiqué. Il s’agit aussi de la première banque européenne et de l’une des trois premières institutions financières au monde, aux côtés de KB Financial Group et d’EQT, à faire valider sa trajectoire de décarbonation par la Science Based Targets initatitive (SBTi). Cet organisme piloté par quatre organisations internationales – Carbone Discolure Project, World Resources Institute, Pacte mondial des nations Unies et WWF – fait référence dans l’évaluation scientifique des objectifs de réduction de gaz à effet de serre des entreprises et leur compatibilité avec l’Accord de Paris.
La SBTi a reconnu cette trajectoire « compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement bien en deçà de 2°C fixé par l’Accord de Paris ». Elle comprend aussi bien les activités directes de la Banque Postale que ses investissements et financements auprès de ses clients. « Nous sommes aujourd’hui la première banque européenne et parmi les premières institutions financières au monde à avoir une stratégie de décarbonation conforme aux Accords de Paris validée selon une méthode scientifique de référence », se félicite Philippe Heim, président du directoire de La Banque Postale.
Enclencher la transition au plus vite
« Nous avons besoin que les gestionnaires d’actifs, les banques, les assureurs et les autres acteurs alignent leurs objectifs climatiques sur les objectifs climatiques mondiaux de manière solide et transparente, prévient Alberto Carrillo Pineda, directeur général de la SBTi. Nous sommes très heureux d’annoncer le premier lot d’institutions financières ayant des objectifs climatiques fondés sur la science, y compris La Banque Postale, et nous pensons que cet élan encouragera d’autres institutions à rejoindre ce mouvement croissant. »
La Banque Postale s’engage ainsi à ne pas financer de projet énergétique basé sur le pétrole et le gaz, conventionnel et non conventionnel. Elle suspendra dès maintenant ses services financiers aux entreprises qui développent de nouveaux projets d’exploration, d’extraction et d’infrastructures liées à ces secteurs et se désinvestira progressivement de ces secteurs jusqu’en 2030. Elle s’appuiera sur la Global Oil and Gas Exit List développée par l’ONG Urgewald et qui sera publiée le 4 novembre prochain à l’occasion de la COP26. Cette liste compte 900 entreprises actives dans le pétrole et le gaz.
Enfin, la Banque Postale s’engage à ne pas soutenir les entreprises activement impliquées dans le lobbying en faveur du pétrole ou du gaz, ou celles ralentissant ou bloquant les efforts pour sortir de ces secteurs d’ici 2040.
Cette trajectoire est en ligne avec la vision de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) publiée en juin dernier. Dans ce rapport, l’agence insiste sur la nécessité d’arrêter tout projet et financement aux nouveaux projets d’énergies fossiles pour espérer atteindre la neutralité carbone mondiale. Pas de nouvelles centrales au charbon, et « pas besoin de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel dans la feuille de route vers le net zéro », insiste-t-elle.
En route pour le Climate Finance Day
« Cette nouvelle politique crée le précédent à suivre immédiatement pour tout investisseur, assureur ou banque un tant soit peu sérieux sur son ambition “Net Zéro” ou son engagement à respecter l’Accord de Paris », réagit Alix Mazounie, chargée de campagne à l’ONG Reclaim Finance, spécialisée dans la prise en compte du climat par le monde de la finance.
Les ONG Reclaim Finance, les Amis de la Terre France et Oxfam France saluent dans un communiqué commun cet engagement et « appellent le reste de la Place financière à faire de même dès le Climate Finance Day et la COP26 ».
BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Axa France et la BPCE sont particulièrement dans le collimateur de ces ONG. Le 26 octobre se tient le Climate Finance Day à Paris. Les ONG espèrent un large engagement de la place de Paris dans le combat climatique.
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