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La 6G déjà dans les étoiles avant d’être sur Terre

Posté le 26 novembre 2020
par Philippe RICHARD
dans Informatique et Numérique

Alors que la 5G commence toute juste à arriver en France, la Chine a envoyé un satellite de communication pour tester la sixième génération mobile. Attendue vers 2030, la 6G permettrait de bénéficier de débits 100 fois supérieurs à ceux de la 5G.

Nice est la première ville de France à être couverte par la 5G et l’opérateur SFR. Pendant ce temps-là, la Chine expérimente la 6G dans l’espace. Début novembre, une fusée Longue Marche-6 a mis sur orbite différents satellites, dont un dédié à cette nouvelle génération.

Développé conjointement par Chengdu Guoxing Aerospace Technology, l’Université des sciences et technologies électroniques de Chine (UESTC) et Beijing MinoSpace Technology, ce satellite (appelé Tianyan-5) permettra de vérifier les performances de la technologie 6G dans l’espace, car sa bande de fréquence s’étendra de la fréquence des ondes millimétriques 5G à la fréquence Térahertz.

En théorie, la 6G offrirait des débits 100 fois plus rapides que ceux de la 5G. «  Ces dernières années, plusieurs équipes dans le monde, dont la nôtre, ont montré qu’il était possible d’obtenir en laboratoire un débit de 100 Gbit/s avec des émetteurs THz délivrant des ondes de 300 GHz environ. En parallèle, en gagnant en puissance, on est parvenu à envoyer des données, certes à un débit inférieur, mais sur un kilomètre au lieu de quelques dizaines de mètres en laboratoire. Tout porte à croire que la transmission sans fil de données à très haut débit sur une longue distance est pour bientôt », avance Guillaume Ducournau, de l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie.

Sans danger pour le vivant ?

Selon les Chinois, elle permettrait une transmission sans perte dans l’espace (pourtant, la perte augmente avec les fréquences plus élevées) pour réaliser des communications longue distance. Inférieure à 0,1 ms, la latence serait également utile pour la médecine et plus particulièrement les interventions chirurgicales à distance.

Découvertes au début du XXe siècle, les ondes électromagnétiques térahertz ont une fréquence comprise entre 0,1 et 10 THz. Elles sont situées entre les micro-ondes et la lumière infrarouge. Mais des études plus précises ont été entamées il y a une quinzaine d’années.

« Comme les micro-ondes, elles possèdent un fort pouvoir pénétrant leur permettant de traverser des matériaux comme les vêtements, le bois, le plastique. Et comme la lumière visible, elles se laissent focaliser, pouvant révéler des détails fins, de l’ordre du millimètre, voire moins. Enfin, comme l’infrarouge et à l’inverse des rayons X, elles sont non ionisantes, et donc a priori sans danger pour le vivant », explique Éric Freysz, du Laboratoire ondes et matière d’Aquitaine (CNRS).

Mais la technologie 6G n’en est encore à ses débuts. Elle doit surmonter plusieurs obstacles techniques en matière de recherche fondamentale, de conception du matériel et d’impact environnemental avant d’être commercialisée, selon un livre blanc publié par l’université finlandaise d’Oulu.

Différentes recherches sont menées dans le monde pour optimiser les différents composants. C’est le cas d’une nouvelle puce en silicium, décrite dans un article paru dans Nature Photonics par une équipe de l’université d’Osaka et de l’université technologique de Nanyang à Singapour. L’équipe a pu transmettre des données à 11 Gbit/s, sans erreur.

Il est encore trop tôt pour savoir quelles technologies seront concernées par la 6G. Mais une chose est sûre : les bandes de fréquence devront être élargies pour permettre des débits de données de classe térabits.

Un autre livre blanc sur la 6G, publié par la société japonaise NTTDoCoMo, estime que la 6G ne sera disponible que vers 2030, soulignant que les générations mobiles ont jusqu’à présent été espacées d’environ 10 ans ; nous avons eu la 3G au début des années 2000, la 4G en 2010 et la 5G en 2020.


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