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La 5G est-elle réellement la pierre angulaire de la relance de l’industrie française ?

Posté le 4 novembre 2020
par Chaymaa Deb
dans Informatique et Numérique

Au sein du gouvernement et dans plusieurs entreprises françaises, l'arrivée de la 5G est attendue de pied ferme. Les partisans du déploiement de ce nouveau réseau affirment qu'il sera bénéfique pour la santé de l'industrie française, favorisant ainsi sa compétitivité face à la concurrence étrangère. Pourtant, cet avis n'est pas partagé par tous les patrons du secteur.

Pour Cédric O, il est urgent que la France voie la 5G déployée sur son territoire, au nom de la santé de l’industrie française. « Tout le monde estime que pour la reprise économique, pour la réindustrialisation, pour l’avenir de l’industrie, c’est extrêmement important », a déclaré le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications, le 29 septembre, sur l’antenne d’Europe 1.

L’autre argument avancé par Cédric O, en faveur de ce réseau de nouvelle génération, concerne la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux. « Pour pouvoir développer l’industrie en France, on a besoin de la 5G. Attendre, c’est laisser les usines s’implanter ailleurs », affirme le secrétaire d’État. Son impatience s’explique par le fait que plusieurs pays à travers le monde ont adopté la 5G au cours des derniers mois. En effet, en Europe, la 5G a récemment fait son entrée dans plusieurs pays dont l’Allemagne, la Bulgarie, l’Irlande, la Suède et la République Tchèque, selon l’Observatoire européen de la 5G.

« Une solution de connectivité particulièrement adaptée à l’industrie du futur »

Bien qu’elle ne soit pas encore commercialisée, des premières tentatives d’utilisations industrielles de la 5G sont déjà effectuées sur le territoire national. Fin septembre, Schneider Electric a annoncé avoir testé le réseau indoor conçu par Orange dans son usine de Vaudreuil (Eure). Pour cela, l’entreprise spécialisée dans la gestion de l’énergie a installé cinq antennes, mises au point par l’opérateur français, dans ses locaux. Le réseau a été utilisé pour deux cas d’usage : la réalité augmentée liée aux activités des techniciens de maintenance, et la mise en place d’un robot de téléprésence pour les ventes à distance. L’objectif de cette opération a été d’évaluer si la 5G permettait de répondre aux exigences de fiabilité nécessaires à l’industrie.

Les résultats obtenus semblent concluants. « L’expérimentation menée à Vaudreuil valide de nombreux cas d’usage de la 5G. Cela démontre que la fiabilité, l’évolutivité et la durabilité de la 5G en font une solution de connectivité particulièrement adaptée à l’industrie du futur », atteste dans un communiqué Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général de Schneider Electric. De son côté, Stéphane Richard, président-directeur général d’Orange, rappelle que les avantages de ce nouveau réseau sont multiples pour les entreprises. « La 5G est une innovation de rupture, une technologie dont les applications industrielles sont nombreuses. Parmi elles se trouvent la maintenance prédictive, ou encore le traitement de vidéos en temps réel », déclare-t-il dans un communiqué.

« Une ineptie totale »

Mais malgré ces bénéfices annoncés, d’autres patrons se montrent moins enthousiastes face à l’arrivée de la 5G. À Labège (Haute-Garonne), Ludovic Le Moan, fait partie de ces sceptiques. Pour le cofondateur de l’entreprise innovante Sigfox, experte dans l’internet des objets (IoT), la puissance de ce nouveau réseau n’est pas nécessairement essentielle à l’industrie innovante. « Avec la 5G, beaucoup plus énergivore [que les réseaux précédents, NDLR], on met l’accent sur le business sans avoir conscience de son impact sur l’environnement », déplore-t-il dans le média local Actu.fr.

En effet, Ludovic Le Moan estime que le recours à un réseau hyper performant n’est pas pertinent pour tous les usages. « La 5G est une ineptie totale pour l’internet des objets. Autant utiliser le bon canal », assène-t-il. « La grande majorité des objets connectés ont besoin de très peu de données à échanger. Il faut donc un réseau de grande capacité, mais à bas débit », poursuit-il. C’est pourquoi l’entrepreneur a mis au point un réseau « zéro G » (un réseau bas débit, suffisant pour l’internet des objets), plus frugal. Cette solution interpelle d’autant plus que, selon le site britannique d’analyses de données GSMA Intelligence, il pourrait y avoir 25,2 milliards de connexions IoT en 2025 contre 6,3 milliards en 2016.


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