Comme toute nouvelle technologie, la 5G devra être compatible avec les enjeux climatiques et respecter le budget carbone disponible. « En l’absence de mesures complémentaires, la 5G est susceptible d’augmenter significativement les émissions, à la fois sur notre territoire, mais aussi à l’étranger via les importations de biens électroniques et l’utilisation de centres de données », alerte Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat.
Dans un nouvel avis, le Haut Conseil pour le climat veut « maîtriser l’impact carbone de la 5G » pour le rendre compatible avec la trajectoire nationale bas carbone. Actuellement, l’empreinte carbone du numérique s’élève à environ 15 millions de tonnes équivalent de CO2, soit environ 2 % de l’empreinte carbone française. « Selon l’intensité du déploiement, l’impact carbone de la 5G pourrait ajouter entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes de CO2 en 2030, la majeure partie provenant des émissions importées et le reste provenant de l’augmentation de l’utilisation de l’électricité, détaille Corinne Le Quéré. L’incertitude est très forte. Il faut toutefois anticiper dès maintenant les risques au regard de la trajectoire vers la neutralité carbone ». La consommation d’électricité additionnelle est tout aussi importante : entre 16 et 40 térawattheures (TWh), soit entre 6 % et 13 % de la consommation finale d’électricité des secteurs résidentiel et tertiaire en 2019.
Une hausse des émissions à maîtriser
Dans le scénario où la 5G est développée sans condition, l’impact carbone provient à 54 % de la production des terminaux, à 22 % du développement des réseaux et des datacenters et à 24 % de l’utilisation des réseaux, des terminaux et des datacenters. Cinq catégories d’acteurs peuvent aider à mieux maîtriser cet impact carbone, rapporte le HCC. Il s’agit des opérateurs, de l’État et ses agences, des collectivités locales, des fabricants de terminaux, ainsi que des fournisseurs et utilisateurs, entreprises et particuliers.
Pour maîtriser l’impact carbone à venir de la 5G, le HCC recommande de mener des études d’impact environnemental au moment de l’allocation des fréquences. Et ce, pour s’assurer que les opérateurs respectent les trajectoires climatiques. Le HCC invite ainsi l’Autorité de régulation des communications et des postes (Arcep) à proposer des engagements de maîtrise des émissions aux opérateurs dans le cahier des charges d’utilisation des fréquences de la 5G. « Les émissions associées à ce nouveau standard de téléphonie mobile vont dépendre de plusieurs facteurs : des modalités retenues par les opérateurs, de l’évolution de l’offre de services numériques et des usages potentiels par les entreprises et les particuliers et finalement du renouvellement des terminaux », conclut Corinne Le Quéré.
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