Avec 7,6 % des émissions mondiales de GES, la production d’acier est l’un des secteurs industriels les plus émetteurs. Consciente des enjeux de décarbonation, l’industrie de l’acier est donc en pleine transition et développe les technologies permettant de produire de l’acier « vert », à partir :
- d’hydrogène « vert » ;
- de fours à arc électrique ;
- de ferraille recyclée.
Néanmoins, comme cet acier « vert » coûte plus cher à produire, cette transition doit être accompagnée et soutenue, si nous voulons aller vers une industrie européenne à la fois respectueuse de l’environnement et compétitive.
Les marchés pilotes, une promesse de campagne
Le courrier adressé à l’exécutif ainsi qu’à l’eurodéputé Jens Gieseke, qui coordonne la politique des transports pour le Parti populaire européen (PPE), a une particularité : il est cosigné, entre autres, par France Hydrogène, l’association d’aciéristes Eurofer et d’autres aciéristes. L’initiative est par ailleurs soutenue par le think tank Transport & Environment, dont le rapport publié en juillet affirme que « l’industrie automobile peut devenir un marché de prédilection pour la production d’acier bas-carbone en Europe, à condition de définir des objectifs légaux d’incorporation. »
Or, les « marchés pilotes » faisaient partie des promesses électorales de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Comme le marché automobile représente 17 % de l’acier consommé en Europe et se caractérise par « des exigences élevées en matière de qualité et de traçabilité », cela en fait donc un candidat idéal pour devenir un marché pilote, d’après la lettre.
Par ailleurs, selon Simon Pujau, responsable des relations institutionnelles chez France Hydrogène, « les marchés pilotes doivent être obligatoires pour être efficaces, ce qui implique des quotas soutenus par des systèmes de pénalités fortes en cas de non-respect. »
Autant dire que ces mesures contraignantes ne sont pas vues d’un bon œil par l’industrie automobile !
L’automobile, une industrie européenne déjà en difficulté
Comme le rappelle Transport & Environment dans son Briefing de juillet 2024, utiliser 40 % d’acier vert par véhicule neuf, en 2030, permettrait d’éviter l’équivalent du CO2 émis chaque année par 3,5 millions de voitures thermiques, pour un surcoût de 57 euros par véhicule. Par ailleurs, passer à 100 % en 2040 ne coûterait que 8 € de plus. Présenté comme ça, ce surcoût semble donc dérisoire, face aux enjeux climatiques.
Néanmoins, si la somme semble faible, on peut néanmoins comprendre les réticences d’une industrie automobile européenne déjà fragilisée, car confrontée à de multiples difficultés.
Rappelons que les ventes de voitures sont en baisse, que la transition vers l’électrique est plus difficile que prévu et que les coûts de production trop élevés en Europe (notamment à cause de l’énergie chère !) empêchent déjà nos constructeurs d’être compétitifs.
Il ne faut donc pas oublier que la situation actuelle est extrêmement tendue, pour l’industrie automobile, comme pour ses fournisseurs. Car après les annonces de fermeture de sites par Michelin, Valeo et Volkswagen, c’est le sidérurgiste ArcelorMittal qui a annoncé la fermeture de deux sites, à Reims et à Denain.
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