Au cours de l’été, Bpifrance a publié un état des lieux de l’industrie française sous forme d’infographies. Comment se porte notre industrie ? Est-elle toujours en déclin, comme beaucoup le disent, ou la réindustrialisation est-elle en marche ? Voyons ce qu’en disent les chiffres.
La désindustrialisation de la France est l’un des plus grands traumatismes économiques de l’histoire récente de notre pays. Avec à peine 13,4 % du PIB en 2021, contre 23 % en 1980 et 30 % dans les années 1950, l’industrie française n’a plus le même poids que par le passé.
Mais elle reste malgré tout dynamique et l’infographie de Bpifrance le Hub, dresse un portrait plutôt encourageant de l’état de notre industrie. Si la France souffre bel et bien des effets de 40 ans de désindustrialisation, une réindustrialisation reste possible, car la France dispose de nombreux atouts lui permettant de saisir des opportunités nouvelles.
L’industrie française en Europe et dans le monde
Selon l’infographie de Bpifrance, l’industrie française serait au 3e rang européen, derrière l’Allemagne et l’Italie. Néanmoins, si l’écart avec l’Allemagne est très important, il semble que la France et l’Italie se partagent en fait la 2e place ex æquo. Si l’on en croit les chiffres de l’INSEE, en 2020 l’industrie française était même légèrement devant l’Italie, avec près de 1 096 milliards de chiffre d’affaires contre 1 077 pour notre voisin. Toujours selon l’INSEE, le CA des entreprises industrielles était de 1 255 milliards d’euros en 2021, pour une valeur ajoutée de 325 milliards d’euros.
En revanche, pour ce qui est du palmarès mondial, Bpifrance classe l’industrie française au 5e rang mondial. Mais selon un rapport de la Cour des comptes daté du 14 décembre 2021, l’industrie française serait plutôt au huitième rang mondial (chiffres de 2019), alors qu’elle était encore la 6e puissance industrielle en 2004.
La réindustrialisation de la France semble se confirmer
Néanmoins, ces chiffres sont à relativiser, car les performances récentes du secteur industriel sont encourageantes. Avec 176 projets d’ouverture d’usines contre 56 fermetures, deux fois plus de créations d’emplois que de destructions, un boom de 32 % d’investissements étrangers et 87 retours d’entreprises contre 16 délocalisations, 2021 a ainsi été l’année de tous les records pour l’industrie française.
Et cette tendance positive semble se confirmer, puisque d’après le baromètre industriel de l’état, il y a eu 176 ouvertures nettes de sites industriels en 2022 et 201 en 2023.
La place de l’industrie dans l’économie française
En 2021, la France comportait plus de 270 000 entreprises industrielles, représentant plus de 3 millions d’emplois directs. Si la France reste une économie de services (le tertiaire embauche 80 % de la population active), l’industrie représente encore 16,8 % du PIB, soit un peu moins que le Royaume-Uni (17,7 %), mais bien moins que l’Allemagne (26,6 %).
Nous sommes donc en retard, mais l’industrie française possède tous les atouts pour se relever.
Un tissu industriel diversifié : avantage indéniable pour la France
Pour relancer son industrie, la France peut compter sur un tissu industriel varié et des secteurs particulièrement dynamiques comme l’agroalimentaire, la métallurgie (42 000 entreprises selon l’UIMM[1]), un secteur qui prévoit de recruter 110 000 personnes par an d’ici 2025, sans oublier le cosmétique, le luxe, l’automobile ou encore l’aéronautique, véritable booster de la croissance française.
Enfin, la France a aussi la chance de posséder, sur chaque secteur, des entreprises de renommée mondiale telles que L’Oréal, Danone, Airbus, PSA, Dassault, LVMH ou Hermès.
Et si cette diversification est un atout, vis-à-vis des autres pays, elle n’est pas la seule, car la France peut aussi compter sur une main-d’œuvre très qualifiée et une maîtrise de technologies de pointe (spatial, nucléaire, etc.).
De nouvelles opportunités à saisir !
Il y a au moins trois grandes familles de secteurs émergents sur lesquels la France semble de taille à rivaliser. Elle doit donc absolument miser sur ces opportunités pour confirmer sa dynamique de réindustrialisation sur le long terme :
- les technologies vertes – que l’État soutient via l’initiative Green Tech Innovation ;
- l’Intelligence artificielle – la France compte déjà presque 600 startups dans le domaine, dont 16 licornes ;
- l’industrie 4.0 et le numérique.
Mais si elle veut relancer durablement son industrie, la France devra aussi, entre autres, augmenter ses investissements dans la recherche et allouer beaucoup de moyens à la R&D, à l’innovation et à l’enseignement supérieur.
Quoi qu’il en soit, les leviers de réindustrialisation sont connus et sont intégrés au plan d’investissement France 2030. L’avenir nous dira si les efforts de réindustrialisation actuels seront suffisants, mais les perspectives semblent encourageantes.
[1] L’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie
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