Microsoft a étudié l’impact de l’utilisation régulière d’outils d’IA générative sur la pensée critique des professionnels de la connaissance. Si l’étude met en garde contre le risque d’une trop grande confiance en l’IA, vis-à-vis des efforts de réflexion, elle met aussi en lumière les changements profonds de l’IA sur nos façons de travailler.
Pour réaliser son étude, Microsoft Research a interrogé 319 travailleurs du savoir qui utilisent, au travail, des outils d’IA générative (GenAI) comme ChatGPT, Copilot ou Gemini, au moins une fois par semaine.
Les réponses ont permis aux chercheurs de modéliser la manière dont ils « activent la pensée critique » lorsqu’ils utilisent ces outils, et comment l’IA générative affecte leur perception de l’effort de pensée critique.
IA génératives : moins d’efforts de collecte et de traitement, mais des efforts de vérification !
Les participants à cette enquête ont partagé des cas concrets d’utilisation des outils de GenAI et 936 sur 957 ont été analysés. Globalement, les participants perçoivent les activités d’analyse, de synthèse et d’évaluation comme nécessitant moins d’efforts avec les outils de GenAI.
C’est tout à fait logique, car l’IA permet justement d’aider les travailleurs du savoir à mieux structurer des informations complexes et à automatiser certaines tâches. Mais d’un autre côté, ils affirment devoir fournir un effort accru pour la gestion de l’IA, c’est-à-dire la formulation de requêtes et l’évaluation de la pertinence des réponses par rapport aux exigences de leur métier et leurs responsabilités.
En clair, cela veut dire que les outils de GenAI sont en train de faire évoluer la façon dont nous utilisons notre pensée critique. Avec ces outils, nous l’utilisons beaucoup moins lors de la collecte d’informations, mais l’obtention de résultats pertinents impose une vérification plus approfondie de l’information, ce qui demande beaucoup d’efforts au final !
Trouver un compromis entre productivité et réflexion
Les outils d’IA générative sont conçus pour nous faire gagner en productivité, mais il ne faut pas que ce soit au détriment de notre capacité à réfléchir ! Car l’étude démontre assez clairement que les utilisateurs qui placent une trop grande confiance dans les capacités des outils de GenAI utilisent moins leur pensée critique. Pire, ils peuvent tomber dans une forme de dépendance à long terme et devenir moins performants sur la résolution de problèmes.
L’étude suggère ainsi d’améliorer la conception de ces outils « pour soutenir la pensée critique des travailleurs du savoir en abordant leurs barrières de conscience, de motivation et de capacité. »
Par ailleurs, elle montre aussi que le personnel professionnel qui a confiance en ses propres capacités est plus critique envers l’IA et consacre plus d’efforts dans l’évaluation et l’adaptation des résultats générés par IA.
Mon point de vue personnel
D’après une étude ODOXA, 15 % des salariés français utilisent aujourd’hui l’IA dans le cadre de leur travail et ce chiffre ne va faire qu’augmenter.
Pour être honnête, comme eux et comme la majorité des rédacteurs, j’utilise moi aussi l’IA et travaille quotidiennement avec Copilot, l’IA de Microsoft. Soyons clairs : je n’utilise pas du tout l’IA pour la rédaction de textes. Par contre, Copilot me sert énormément pour la recherche documentaire.
Comme Copilot est capable de fournir une réponse rapide, structurée, en proposant des sources de bonne qualité (la plupart du temps), l’emploi des moteurs de recherche habituels est, pour moi, devenu secondaire.
Mais est-ce que je lui fais confiance pour autant ? Jamais, car les IA génératives font énormément d’erreurs, inventent des réponses de toute pièce et fausses quand elles ne savent pas répondre et ont une fâcheuse tendance à mal interpréter certains concepts. Tous ces biais sont connus, et pourtant les travailleurs, moi y compris, continuent à utiliser l’IA.
Car, malgré tout, ces outils permettent d’accéder à des sources d’information fiables plus rapidement qu’un moteur de recherche (et sans annonces publicitaires), par exemple en allant directement chercher dans un document PDF la réponse à une question posée. D’ailleurs, la notion de moteur de recherche est déjà dépassée puisqu’on s’oriente désormais vers des moteurs de réponse, capables de répondre directement aux questions posées, en langage naturel.
Néanmoins un outil reste un outil. Il est donc capital de rester lucide sur les capacités des IA génératives et sur leurs nombreux défauts. Tout utilisateur doit donc lutter contre la tentation de la facilité, en renforçant son esprit critique afin de garder une vigilance constante.
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