Une étude parue fin 2014 estime que les océans et mers du monde contiennent plus de 5.250 milliards de particules de plastiques. Avalés par la faune marine, ils contaminent la chaîne alimentaire et envahissent nos assiettes. Selon les recherches du Dr Colin Janssen à l’Université de Gand, les fragments de plastique de moins d’un millimètre se retrouvent largement dans les moules, huîtres et autres fruits de mers. L’étude en question n’a pas encore été publiée, mais a été révélée en exclusivité pour le documentaire de Sky News « Plastic Tides » (Marées Plastiques) diffusé pour lancer la campagne « Sky Ocean Rescue » fin janvier.
Les moules filtrent entre 20 et 25 litres d’eau par jour et ingèrent donc des microplastiques. Ces fragments sont pour la plupart excrétés, mais une moule renferme en moyenne au moins un petit fragment de plastique logé dans ses tissus, selon le Dr Janssen. Le chercheur estime ainsi qu’un plat de moules servi au restaurant peut contenir environ 90 particules de plastique.
Que devienent les microplastiques ingérés ?
Au total, les chercheurs estiment qu’un amateur de fruits de mer belge ingère entre 2.000 et 11.000 fragments de plastique chaque année, en fonction de sa consommation. Dans la première évaluation des risques menée sur le sujet, les chercheurs estiment que 99% des microplastiques ingérés par l’homme sont excrétés par le cors humain. Au final, moins de 60 fragments passeraient donc dans le sang et s’accumuleraient dans le corps chaque année.
« Maintenant que nous avons établi qu’ils [les microfragments] entrent effectivement dans notre corps et peuvent y rester pendant un bon moment, nous avons besoin de connaître le sort de ces plastiques. Où vont-ils ? Sont-ils encapsulés par des tissus et oubliés par le corps, ou est-ce qu’ils causent des inflammations ou autres problèmes ? Les produits chimiques s’échappent-ils de ces plastiques et causent-ils alors de la toxicité ? Nous ne le savons pas et nous devons savoir. » prévient le Dr Janssen.
Les scientifiques alertent sur le fait que cette contamination va s’intensifier à mesure que la pollution océanique va s’aggraver. D’ici 2100, les consommateurs réguliers de fruits de mer pourraient avaler 780.000 fragments de plastique par an. 4.000 microfragments seraient alors accumulés dans leur tissus chaque année.
Visionner le documentaire A Plastic Tide de Sky News
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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