Grâce à ses centrales géothermiques et hydroélectriques, la quasi-totalité de l'électricité consommée en Islande est issue d'énergies renouvelables. Mais pour écouler sa production bas-carbone, ce pays a dû attirer de nombreuses industries électro-intensives sur son île. Il mise en partie sur l'innovation pour réduire ses émissions de CO2.
En matière de mix électrique, l’Islande représente un cas à part en Europe puisque près de 100 % de son électricité consommée est issue d’énergies renouvelables. Ce petit pays insulaire, d’une superficie de 103 000 km² et qui se qualifie lui-même de « terre de feu et de glace », a su tirer profit de ses ressources naturelles. Situé à la jonction de deux plaques tectoniques à forte activité volcanique, il en exploite le potentiel en produisant de l’énergie géothermique. Et grâce aux glaciers qui recouvrent plus de 10 % du territoire, leurs fontes alimentent des fleuves glaciaires qui contribuent à la production d’énergie hydroélectrique.
Résultat : environ 73 % de l’électricité est issue de l’hydroélectricité, à partir de centrales qui appartiennent en majorité à Landsvirkjun, la compagnie nationale d’électricité. Les 27 % restants proviennent de la géothermie, qui permet également de chauffer plus 9 habitations sur 10, grâce à l’énergie thermique produite.
Ce virage vers une production d’électricité verte date des années 1970. Auparavant, le pays devait recourir à des combustibles fossiles importés pour assurer la plus grande partie de sa consommation énergétique. Mais cette transition n’a pas été réalisée pour des raisons environnementales. À l’époque, le pays ne voulait plus dépendre des variations du prix du pétrole engendrées par les crises à répétition ayant frappé le marché mondial de l’énergie. Isolé aux portes du cercle polaire, il avait besoin de retrouver une certaine autonomie énergétique, avec des ressources qui soient stables et bon marché.
Si aujourd’hui l’Islande fait figure d’exemple en matière d’énergie propre, son bilan CO2 est en revanche moins idyllique. L’île pourrait avoir des difficultés à respecter certains objectifs internationaux en matière de changements climatiques. Le mode de production électrique n’est pas en cause. Certes, les forages nécessaires à la production d’énergie géothermique entraînent des rejets de CO2, mais en quantités moins importantes que l’électricité d’origine fossile. Le principal problème se situe au niveau de la quantité d’électricité produite au regard de la population de cette île qui ne compte que 370 000 habitants.
Le plus grand producteur d’électricité au monde par habitant
Selon le gouvernement islandais, le pays est le plus grand producteur mondial d’énergie verte par habitant et le plus grand producteur d’électricité par habitant, avec environ 55 000 kWh produits par personne et par an. À titre de comparaison, la moyenne de l’Union européenne est inférieure à 6 000 kWh. Étant donné que cette île est située à plusieurs centaines de kilomètres des terres les plus proches, cette électricité ne peut être exportée. L’Islande a donc cherché à attirer des industries à forte consommation énergétique sur son territoire, qui représentent aujourd’hui la majorité de la consommation électrique.
Cette industrialisation s’est poursuivie après la crise financière mondiale de 2008, car le pays avait besoin de relancer son économie. De nouvelles usines électro-intensives, notamment de production d’aluminium, ont été implantées, ainsi que plus récemment des datacenters. Parallèlement, l’Islande a aussi cherché à développer le potentiel touristique de l’île, jusque-là peu exploité. Sauf que ce boum du tourisme n’a fait qu’accroître les rejets de CO2 du secteur des transports notamment, qui lui est toujours dépendant des combustibles fossiles.
Aujourd’hui, le pays compte en partie sur l’innovation pour réduire ses gaz à effet de serre. En 2021, la plus grande usine de captage de CO2 atmosphérique a été inaugurée à une trentaine de kilomètres de la capitale, Reykjavik. D’une capacité initiale de 4 000 tonnes de CO2, une autre a été installée à proximité l’année suivante et capable de capter 36 000 tonnes supplémentaires par an. Ces installations sont alimentées en énergies renouvelables grâce à une centrale géothermique et le CO2 est injecté sous terre puis mélangé à de l’eau afin d’être solidifié dans la roche à plus de 1 000 mètres de profondeur. D’autres projets de ce type sont en cours dans le pays.
Pour financer ces investissements, l’Islande vient notamment de décider d’augmenter ses taxes à l’égard du secteur touristique, qui représente environ 6 % du PIB. À partir de janvier 2024, les billets d’avion, les nuits d’hôtel et les attractions touristiques coûteront quelques euros de plus aux voyageurs. Le pays vise la neutralité carbone d’ici à 2040, soit dix ans avant l’Union européenne.
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