Décryptage

L’intrapreneuriat, un nouvel écosystème pour l’innovation

Posté le 21 septembre 2020
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

Les grandes entreprises ont depuis quelques années très largement mis en place des dispositifs d'intrapreneuriat. Les finalités de ces dispositifs varient selon la stratégie de chaque entreprise.

L’intrapreneuriat permet aux salariés de développer des projets innovants – du début à la fin – au sein d’une entreprise, en parallèle de leur travail. Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui une grande entreprise, employant plusieurs milliers de salariés, à développer des dispositifs d’intrapreneuriat ?

Pour les grands groupes – industriels, informatiques, services… – une problématique devient de plus en plus prégnante depuis plusieurs années : retenir les talents. Et les jeunes talents en particulier. Ces derniers sont de plus en plus sensibles aux possibilités que leur offrent les entreprises pour s’épanouir professionnellement et accompagner les démarches innovantes. Selon une étude réalisée par Allianz France/ Ifop, réalisée en mars 2019, près de 67% des étudiants affirment que les entreprises ayant développé un programme d’intrapreneuriat attirent plus leur attention. 58 % d’entre eux se disent même motivés pour intégrer de tels dispositifs après leur embauche. On le voit donc, l’intrapreneuriat permet aux entreprises d’offrir un écosystème favorable pour retenir les talents dans l’entreprise.

Le salariat n’est plus une fin en soi

Ces talents, qu’ils soient cadres, ingénieurs, chercheurs, n’ont pas les mêmes attentes que leurs aînés. Le salaire ne constitue plus aujourd’hui l’alpha et l’omega pour concrétiser un projet de carrière. La possibilité de travailler sur des projets variés, innovants et ayant des finalités à court et moyen termes sont aujourd’hui des critères décisifs. Car c’est aussi cela que les dispositifs d’intrapreneuriat permettent : envisager l’innovation au sein d’une entreprise, en opérant un pas de côté par rapport aux champs très spécifiques de la R&D. Dans une grande entreprise industrielle, le secteur R&D est stratégique : c’est là où l’avenir d’un groupe, sur les moyen et long termes, se joue en ce qui concerne le développement et l’innovation. Cette importance stratégique induit une certaine rigidité au niveau de la marge de manœuvre dont jouissent les collaborateurs qui y évoluent.

L’intrapreneuriat apporte, pour l’entreprise comme pour les collaborateurs, une alternative à ces contraintes, une respiration. D’abord sur le timing : les projets d’intrapreneuriat sont calibrés pour être sélectionnés et accélérés sur un laps de temps relativement court, 4 à 5 années au maximum. C’est une façon d’innover alternative par rapport à la stratégie globale des grands groupes, plus agile et résiliente, qui correspond parfaitement aux attentes des collaborateurs motivés pour entreprendre.

Déployer l’innovation en entreprise de manière plus agile

Pour l’entreprise aussi la démarche permet de développer une agilité nouvelle. En effet, selon la culture de l’entreprise et sa stratégie, les programmes d’intrapreneuriat vont permettre d’explorer et de favoriser l’innovation sur tous les secteurs de marchés connectés à l’activité de l’entreprise. Un déploiement de l’innovation plus agile donc, qui correspond également à la réalité du moment. La crise sanitaire que nous traversons a incité les entreprises, quelque soit leur taille, à favoriser – et à moyen terme instituer – la diversification de leur activité et le développement de leur résilience.

Business is business

Mais il ne faut pas s’y tromper : l’intrapreneuriat n’évolue pas dans une bulle à part au sein de l’entreprise. Les idées retenues au cours des processus d’intrapreneuriat entrent dans des processus classiques de développement de projet : on passe de l’idée au projet, puis du projet au business plan. Et on continue, ou pas : dans le premier cas, une partie des ressources et des compétences de l’entreprise est mise à contribution pour apporter les compétences en interne au développement du projet sélectionné.

Le développement de business plans innovants constitue également pour les grands groupes un moyen de diversifier leur activité, en la faisant évoluer. A ce titre, l’intrapreneuriat permet de faire évoluer certaines pratiques en interne, en ce qui concerne le développement de nouveaux business plans comme on vient de l’évoquer, mais également en ce qui concerne les manières de travailler, de gérer les ressources humaines au sein de l’entreprise

Beaucoup d’externalités positives

Innover autrement dans l’entreprise, retenir les talents, instaurer de nouvelles pratiques RH : les conséquences de la mise en place des dispositifs d’intrapreneuriat vont au-delà de cela. Dans une étude réalisée par Viadeo, CadreEmploi et le cabinet Deloitte citée par le Figaro, plusieurs externalités liées à la mise en place de l’intrapreneuriat sont identifiées comme des leviers de croissance pour les entreprises :

Au final, l’intrapreneuriat, qui faisait figure d’entité à part au sein des entreprises quand ces dispositifs ont émergé, est devenu un pilier pour les grands groupes. Il permet aux entreprises de faire évoluer leur manière d’innover, notamment en restant collés aux réalités du marché.

Pour les collaborateurs, l’intrapreneuriat est un biais pour se projeter à long terme au sein de leur entreprise, avec en point de mire la possibilité d’entreprendre et d’innover au sens large. Tout en restant en poste, fidèle à la stratégie globale de l’entreprise.

Par Pierre Thouverez


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