Les consommateurs et les organisations civiles les représentants ont eu jusqu’à présent une perception négative de l’utilisation massive des objets inter-communiquants impliquant, par exemple, la RFID [2]. Leurs arguments : des risques pour la santé et l’environnement, mais aussi des risques de confidentialité et de radiations. Autant d’allégations qui ont compromis la diffusion et l’acceptation de ces technologies depuis la chaîne logistique jusqu’à l’utilisation par le consommateur.
De nouvelles actions et projets de recherche sont donc nécessaires pour développer des approches et méthodologies limitant ces risques. Parallèlement, ils doivent contribuer à identifier les bénéfices de ces nouvelles technologies afin de canaliser la recherche vers des applications et utilisations centrées sur l’aide et le service au profit des consommateurs et des acteurs du cycle de vie des produits.
Les pistes de recherche
Dans cette optique, le consortium du projet européen Cuteloop [1] vise à intégrer et exploiter le potentiel offert par les systèmes RFID avancés et les systèmes de géolocalisation et de navigation satellitaires (GNSS). Objectif : rechercher des services utiles pour des acteurs économiques qui ne sont pas traditionnellement impliqués dans le déploiement et l’usage de nouvelles technologies. A ce titre, Cuteloop travaille, par exemple, avec la Fédération des artisans et PME Française du secteur de la construction la CAPEB, au nom de ses 350.000 membres et 900.000 employés.
Au delà, la Commission européenne ayant fixé pour objectif de développer un réseau Internet étendu aux objets, la recherche vise également à réaliser une infrastructure et un environnement capable de répondre à un tel objectif.
Les objets seront ainsi connectés à Internet, directement ou indirectement, à travers un réseau d’accès ad-hoc ou permanent, afin de pouvoir communiquer ou échanger des infos, ou simplement, être gérés, suivis, identifiés ou consultés par les utilisateurs et consommateurs. Ce qui nécessite de nouvelles architectures de réseaux d’accès spécialisés pour les objets et leur image virtualisée, au moyen de services basés sur des agents logiciels et des méthodes d’accès sécurisées à l’information.
Des Objets Connectés pour quoi faire et comment ?
Tout d’abord, les Objets Connectés informatiquement permettront de nouveaux mode d’accès aux objets et à l’information qui leur sera attachée.
Pour cela, il faudra que ces objets soient accessibles à chaque stade de leur cycle de vie, depuis leur fabrication, pendant leur transport et commercialisation, jusqu’à leur gestion et leur entretien une fois intégrés dans les logements des particuliers.
Dans cette optique, les objets eux-mêmes seront dotés de capacités d’identification uniques (RFID, code-barres, geo-tags, ou autre) et d’une image ou d’un modèle électronique virtualisé qui se retrouveront connectés ou accessibles via Internet.
C’est ce que l’on appelle la virtualisation des objets. Cette identité et image virtuelle unique sont soit dans une puce RFID intégrée à l’objet, soit stockées de façon immatérielle quelque part dans le réseau d’accès à l’objet. Ces puces RFID intelligentes, directement ou indirectement connectées à l’Internet des Objets, doivent ensuite pouvoir être utilisées pour divers services d’information, traitement, gestion ou maintenance concernant les objets réels qu’ils représentent.
Le projet Cuteloop travaille, dans ce cadre, sur 2 secteurs afin de développer des usages génériques :
- l’un dans la chaîne de production, logistique et distribution de produits frais (fruits et légumes dans des cageots munis de puces RFID) jusqu’au consommateur final ;
- l’autre dans les métiers de la construction assurés par les petites entreprises et les artisans indépendants.
En pratique, il s’applique, par exemple, à répondre aux besoins des artisans intervenant dans des maisons ou des immeubles. Un réseau local d’accès du type ad hoc y est nécessaire pour interconnecter dynamiquement les « objets » dans la maison avant de connecter ce réseau d’accès à l’Internet. Des pico-réseaux du type MESHNET seront ainsi expérimentés au départ pour relier les « objets » entre eux et ensuite les relier à l’extérieur (à l’Internet).
D’autres usages permettant l’accès à l’information puis le partage de celle-ci dans le cadre d’un travail coopératif entre PMEs et artisans travaillant sur le même projet sont également envisagés.
Usages dans la construction
Dans ce domaine, un des premiers usages visé concrètement par Cuteloop est la gestion avancée d’une maison ou un bâtiment à travers un système d’information géré dans un “dossier d’entretien électronique”. Celui-ci pourrait se trouver dans un réseau ad hoc mis en place dans le bâtiment et englobant le plus d’éléments et composants virtualisés possibles grâce à des tags RFID et des systèmes BIM (Building Information Management : systèmes qui constituent une image virtuelle informatisée et standardisée des composants d’un immeubles).
Ce type d’équipement pourra alors offrir aux propriétaires et aux intervenants dans une maison, des informations techniques pour chaque objet installé : chaudière, prise électrique, porte ou tout autre objet ayant une image virtuelle dans un tag RFID intégré. Ceci, afin de consulter les caractéristiques techniques, les performances, la consommation d’énergie ou l’état d’entretien de cet objet, ou bien proposer de le relier en réseau pour qu’il puisse s’adapter automatiquement aux habitudes de confort de chacun grâce à la reconnaissance des personnes. Autre possibilité : la mise en circuit ou hors circuit en l’absence des personnes concernées afin d’économiser l’énergie. |
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Au delà, la mémorisation des interventions des artisans sur un projet permettra également le partage d’informations entre collègues, cotraitants ou sous-traitants. Principaux bénéfices : éviter les re-saisies et accélérer l’intégration ou l’accès à des informations. Enfin, les artisans pourront interagir avec des centres et dépôts de matériels commandés pour un chantier, consulter les livraisons, replanifier leurs interventions en temps-réel sur leurs terminaux intelligents reliés à l’Internet et échanger des données de planification.
Par Philippe Cousin, ETSI (Organisation Européenne de Normalisation des Télécommunications), partenaire projet de recherche européen CUTELOOP (Customer in the Loop[1])
En savoir plus
Des informations complémentaires sont accessibles sur le site Web du projet [1].
A ce jour, les scenarii identifiés sont en cours d’étude et d’expérimentation et impliquent des équipes d’universitaires dans le domaine des techniques intelligentes du bâtiment ainsi que la CAPEB, fédération Française des artisans et PMEs.
Notes
[1] CuteLoop (Customer in the Loop) est un projet Européen de recherché
[2] RFID = Radio Frequency IDentifier aussi appelé dans certains cas étiquette intelligente
Cet article se trouve dans le dossier :
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