Jusqu’au milieu des années 90, les sociétés tricolores se distinguaient de leurs concurrentes allemandes par leurs efforts en R&D. 10 ans plus tard, la tendance s'est inversée et celles-ci ont creusé l’écart, selon une étude de Bercy.
En 1996, les entreprises françaises consacraient 1,69 % de leur valeur ajoutée à des projets de recherche et développement, contre 1,65 % pour leurs homologues allemandes.
12 ans plus tard, la tendance s’est inversée : les investissements des entreprises tricolores ont cédé du terrain (1,47%), pendant que leurs voisines d’Outre Rhin ont redoublé d’efforts, avec 2,11% de leur valeur ajoutée affectée à la R&D.
Comment expliquer ce contraste ? Une étude publiée ce mois-ci par la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), qui dépend de Bercy, tente de cerner les causes du reflux français.
La France a « un positionnement sectoriel pénalisant »
Premier constat, l’Hexagone n’est pas un si mauvais élève. Quand elles investissent dans les secteurs stratégiques, les entreprises françaises le font dans des proportions substantielles. Dans les TIC, le transport et les machines électriques, elles consacrent même des parts plus importantes de leur valeur ajoutée à la R&D que leurs voisines allemandes.
Problème, leur surplus d’effort financier ne suffit pas à compenser la faible part de la France dans les secteurs-clés de la R&D, qui ne représentent plus que 4,5% du PIB français, contre 10% Outre-Rhin… « La France souffre d’un positionnement sectoriel de son économie pénalisant son intensité globale de R&D », note l’étude, évoquant même un « désengagement de l’industrie » dans l’économie nationale, au profit des services, moins pourvoyeurs de recherche et développement.
Succès des entreprises de taille intermédiaire en Allemagne
La structure des entreprises explique également cette différence avec l’Allemagne. Là encore, la France sauve l’honneur, car ses entreprises sont plus nombreuses à investir dans la R&D. La DGCIS en a recensé 250 000 en 2006, contre 200 000 en Allemagne. Le détail des chiffres montre que les PME françaises investissent d’ailleurs plus que leurs concurrentes d’Outre-Rhin.
Mais un décrochage opère pour les entreprises de taille intermédiaire, plus nombreuses en Allemagne. Les entreprises de plus de 1000 salariés ne représentent que 73% de l’intensité totale de R&D en France, souligne l’étude contre 82% en Allemagne. Un paysage économique qui conditionne également la force de frappe financière du secteur privé : les entreprises allemandes sont ainsi parvenues à investir 36 milliards d’euros dans la R&D en 2006, contre 14 milliards en France…
L’auteur anticipe enfin des conséquences commerciales défavorables pour l’Hexagone, car les entreprises de taille intermédiaire parviendraient plus facilement à introduire leurs produits innovants sur le marché que les petites PME.
Par Marie Herbet / Euractiv.fr
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