Après une carrière chez Pfizer puis dans une entreprise d’industrie cosmétique, Sophie Catoire a profité de ses 20 ans d’expertise en R&D in vitro pour créer sa propre entreprise en juillet 2020. Cell Alternativ est un laboratoire de méthodes in vitro pour effectuer des tests de produits industriels en contact avec l’homme et qui peuvent induire une toxicité. En parallèle, l’entreprise réalise aussi des tests dès la R&D afin de guider les industriels dans la conception d’un produit. « Toute personne et toute entreprise qui développe un produit qui va être en contact avec l’homme a besoin d’étudier son innocuité. On touche donc l’industrie chimique, pharmaceutique, cosmétique, les textiles, les cuirs, les dispositifs médicaux etc. », explique la fondatrice de Cell Alternativ.
L’objectif est de développer des méthodes sans utiliser d’animaux et de produits animaliers, y compris les sérums, hormones ou enzymes issus de l’animal. « Réglementairement, depuis les années 1970, il y a une volonté scientifique d’utiliser de moins en moins les animaux dans la recherche. Il y a eu une prise de conscience éthique et sociétale pour les utiliser le moins possible et de manière intelligente. Dans la cosmétique, c’est d’ailleurs banni depuis 2013 », rappelle la cheffe d’entreprise.
Des méthodes in vitro
Cell Alternativ travaille sur des méthodes in vitro principalement basées sur un modèle de tissu humain reconstruit en laboratoire. Pour ce faire, le laboratoire achète des kératinocytes issus de déchets chirurgicaux, et les remet en culture dans un système en air-liquide pour arriver à un tissu très similaire à l’épiderme humain. Puis les salariées de Cell Alternativ appliquent à la surface du tissu les produits à tester. Elles regardent ensuite si les cellules meurent, libèrent des marqueurs d’inflammation, etc. Des tests sont aussi réalisés sur des cornées et sur des muqueuses, mais ces tissus ne sont pas encore produits dans le laboratoire.
L’autre spécificité du laboratoire est de réaliser des tests dans les conditions d’utilisation réelles du produit. « C’est ce qu’on appelle les exposomes, tout ce qui va nous entourer, donc les stress dus aux UV, à la pollution, la sueur, la sécrétion de sébum, etc. On essaie de prendre en considération tous ces critères lors de nos tests, indique Sophie Catoire. Par exemple, si on veut travailler sur une nouvelle crème pour l’érythème fessier d’un enfant, on a un modèle d’épiderme humain immature et on peut l’inflammer volontairement avec une urine artificielle et se mettre en conditions occlusives, comme dans une couche, pour vérifier que la crème a réellement des vertus apaisantes en conditions réelles. »
Une méthode plus prédictive
La méthode in vitro a de nombreux avantages. « C’est plus prédictif pour l’homme, car on utilise des cellules humaines et non animales. S’il est possible de réaliser des tests directement sur des volontaires humains, on ne peut pas utiliser des centaines de personnes, alors qu’en in vitro, il est possible d’avoir de multiples tissus, qui viennent des cellules de plusieurs donneurs », constate la fondatrice de Cell Alternativ.
Prochaines étapes pour le laboratoire : développer de nouveaux tissus, à savoir des cornées et de l’épithélium, et travailler sur l’écotoxicologie afin d’étudier l’impact des produits sur l’environnement.
Crédit photo portrait de Sophie Catoire : Valentin Nauton
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