L’IET, The Institution of Engineering and Technology, qui compte plus de 167 000 membres pointent dans un document publié la semaine dernière les risques majeurs qu’elle a identifiés pour le secteur de l’ingénierie et la recherche britannique en cas de sortie de l’UE. Une position qui est d’ailleurs largement soutenue par ses partenaires et principaux employeurs d’ingénieurs et techniciens : Airbus, Rolls-Royce, Mott MacDonald, Siemens ou Caterpillar.
Moins d’accès aux fonds et aux marchés
L’association professionnelle analyse ainsi que le Brexit pourrait :
- Accentuer la pénurie de compétences en ingénieurs et techniciens si le gouvernement ne prend pas des mesures d’accélération des visas une fois sorti de l’UE (dans la décennie à venir le besoin est estimé à 1,82 millions de nouveaux ingénieurs).
- Affaiblir la recherche par des complications pour trouver des fonds ou pour monter des collaborations internationales. Sachant que le Royaume-Uni reçoit plus de fonds pour la recherche qu’il ne contribue financièrement au niveau de l’Union Européenne. En outre, la porte pour influencer les programmes de recherches européens lui serait alors fermée.
- Un déclin sur l’influence possible des britanniques sur les standards globaux en ingénieries et donc un retard sur leur mise en place, pourtant un point crucial pour accéder aux marchés mondiaux.
- Une perte automatique de l’accès à certains marchés européens, le temps de mettre en place de nouveaux traités commerciaux sans que l’on sache aujourd’hui ni s’ils seront mis en place rapidement ni s’ils seront vraiment avantageux.
Tous les secteurs industriels seraient fortement affectés
L’IET n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme et à faire ce genre d’analyse. Que ce soit le cabinet d’audit PwC qui publie un rapport soulignant que le Brexit diminuerait l’activité industrielle de 9,5% et mettrait en danger plus de 100 000 emplois d’ici 2020 ou que ce soit le rapport édité par le ministère des finances, le diagnostic semble le même. Le Trésor résume ainsi pour quelques secteurs l’importance d’un accès direct au marché européen : l’industrie pharmaceutique, plus de la moitié de sa production est exportée dans l’UE pour une valeur de 29M£ par jour ; l’automobile pour laquelle l’accès réduit à toute la logistique de distribution européenne risque de rendre les voitures anglaises plus chères et donc de diminuer les 15 millions de livres gagnées à l’export. L’aéronautique et l’espace pour laquelle la libre circulation des produits, des personnes et des idées est une clé essentielle de son développement.
Chimie : patron et salariés d’accord pour rester
L’association nationale des industries chimiques britanniques (CIA) s’est largement prononcée en faveur d’un maintien dans l’Union. Une enquête menée auprès de ses membres donne un « non au Brexit » pour 62% des votants et 38% encore indécis. Un secteur particulièrement mondialisé et pour lequel l’Allemagne représente le principal marché à l’export pour bon nombre de TPE/PME ou de filiales. Un secteur aussi qui dépend de l’apport financier étranger, notamment de grands groupes européens. Une position que le syndicat de travailleurs UNITE a aussitôt applaudi, appelant lui aussi ses membres à voter pour rester au sein de l’UE.
Sophie Hoguin
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