Dans un contexte de crise énergétique et d’inflation, les Français se tournent vers des solutions qui permettent de réduire leurs dépenses de carburant. Parmi ces solutions, le superéthanol-E85 connaît une croissance particulièrement soutenue. La Collective du bioéthanol, organisation professionnelle qui promet l’utilisation de l’alcool agricole, a partagé le 24 janvier ses chiffres pour l’année 2022 lors d’une conférence de presse à Paris. Elle se félicite d’une année où tous les indicateurs sont « au plus haut ».
En effet, alors que l’E85 ne constituait encore que 1,7 % du marché des essences en 2018 et 4 % en 2021, il se hisse en 2022 à 6,5 % de parts de marché. Il se situe derrière le SP95-E10 (57,9 %), le SP98 (19,4 %) et le SP95 (15,3 %). La croissance de la consommation sur un an atteint +83 %. Le carburant est désormais proposé dans plus d’une station-service sur trois, en hausse de 20 % sur un an. Près de 90 % des stations TotalEnergies et 80 % des stations Intermarché le proposent.
Convertir son véhicule ou acheter un véhicule neuf flex-fuel
Pour utiliser ce carburant, il faut convertir son véhicule en installant un boîtier homologué dit « flex fuel » dans un garage agréé. Près de 85 000 boîtiers de conversion homologués ont été installés en 2022, soit trois fois plus qu’en 2021. Le parc automobile français comprend désormais près de 220 000 véhicules essence équipés de boîtiers de conversion. Quatre fabricants proposent ces boîtiers : Biomotors, FlexFuel, Borel et eFlexFuel.
Il est également possible d’acheter directement un véhicule flex-E85 d’origine. Ford France et Jaguar Land Rover ont vendu près de 35 000 véhicules flex-E85 d’origine en 2022, dont près des deux tiers d’hybrides. C’est six fois plus qu’en 2021. Le parc automobile français comprend désormais près de 81 000 véhicules flex-E85 d’origine.
L’inflation touche aussi l’E85. Au 20 janvier 2023, le prix au litre observé à la pompe est de 1,11 € en moyenne, contre 0,74 € début 2022. Malgré cette augmentation, le litre reste à 76 centimes de moins que le litre de SP95-E10, vendu 1,87 € en moyenne. « Les automobilistes peuvent toujours réaliser des économies annuelles de l’ordre de 440 € pour 13 000 km/an et de 675 € pour 20 000 km/an » hors investissement dans le boîtier, calcule la Collective du bioéthanol. Le coût d’un boîtier s’élève en moyenne à 1 000 euros, mais certaines régions, départements ou communes proposent des subventions, jusqu’à 50 %.
Une filière qui va devoir faire sans néonicotinoïdes
Malgré ces bons chiffres, la filière va rapidement se retrouver face à un défi de taille. Une bonne partie de ce bioéthanol est obtenu par transformation de la betterave sucrière cultivée en France. Alors que les prochains semis doivent être plantés en mars prochain, le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il n’y aura donc pas de « troisième année de dérogation sur l’enrobage des semences de betteraves » par les insecticides néonicotinoïdes.
Le ministre réagit ainsi à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne rendue le 19 janvier dernier. Elle juge illégale la mesure dérogatoire autorisant l’usage de ces pesticides qualifiés de « tueurs d’abeilles » par les associations écologistes. « En l’absence de solutions efficaces, les surfaces (de betteraves) risquent de baisser sensiblement », affirme la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) dans un communiqué. Cette décision va renforcer « le risque d’importations massives de sucre ou d’éthanol (du Brésil notamment) », précise-t-elle.
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