Depuis plusieurs années, l’industrie 4.0 a fait émerger des technologies qui permettent aux entreprises d’adopter de nouvelles pratiques. Or, il n’est pas rare que le renouvellement des équipements productifs s’étale sur plus d’une décennie. De ce fait, une décorrélation se crée entre le temps de la technologie et celui de la production industrielle. Mais des entreprises de l’Ain, premier département industriel de France, ont trouvé des solutions pour intégrer les technologies 4.0 à leurs procédés.
Ainsi, deux professionnels de l’industrie, Jacky Mazzolini et Peggy Deuscht, ont présenté les solutions mises en place dans leurs entreprises respectives lors de la quatrième journée du Sommet 4.0 organisé par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) de l’Ain et l’Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP).
Innovation contre « désuétude »
Jacky Mazzolini est le gérant de SMP Moules, une société spécialisée dans la fabrication de moules en plastique à destination des professionnels. « Il faut entre cinq et six mois pour fabriquer un moule, c’est une activité avec beaucoup d’inertie. Cela menace l’avenir des sociétés de notre type en France ». Afin de pouvoir résister face à la concurrence venue de l’étranger, Jacky Mazzolini a créé, avec cinq entreprises concurrentes, « French Mold Cluster ». Un roboticien intégrateur vient compléter l’équipe. Son rôle est d’apporter un savoir-faire dans le domaine « de plus en plus performant » de l’outillage.
L’objectif de cette association créée en septembre 2020 est d’apporter des solutions à des problématiques communes aux entreprises du secteur. Ainsi, les concurrents joignent leurs moyens pour assurer la formation de personnel, et mutualiser les recrutements de compétences. De plus, les entreprises réunies effectuent ensemble des actions de veille technologique. « Le but n’est pas de travailler ensemble mais de réunir les compétences de chacun pour faire aller de l’avant cette filière en désuétude », explique Jacky Mazzolini.
Ruptures technologiques et 4.0
Chez Conductix-Wampfler, où Peggy Deuscht est directrice, la stratégie d’intégration de l’innovation se passe autrement. Pour développer de nouveaux produits, la société est allée chercher le soutien du CEA et du Centre technique des industries mécaniques (Cetim). « On s’est concentrés sur des supports qui pouvaient apporter de la compétence », déclare Peggy Deuscht. Ainsi, la société parvient à enrichir ses produits grâce à des compétences externes à l’entreprise.
En plus de ces importants partenaires, la société spécialisée dans la fabrication d’enrouleurs motorisés et de machines fait le choix de collaborer avec les universités. L’entreprise recherche les compétences acquises par les doctorants durant leur thèse. Pour les étudiants, c’est l’occasion d’appliquer en conditions réelles leurs travaux de recherche. Peggy Deuscht ajoute que prochainement, deux embauches de doctorants auront lieu. « C’est clairement pour faire des ruptures technologiques et aller vers le 4.0 », affirme-t-elle. L’objectif est de développer à court terme des solutions de robotisation et d’automatisation des procédés.
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