Reportage

Expérience#11 : Indépendance ou cohésion ?

Posté le 13 juin 2017
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

Onzième article d'une série qui en comportera 12. A travers le récit d'une expérience de management réelle, nous vous proposons de choisir, en votre âme et conscience, entre trois formules présentant chacune une manière différente de clôturer un problème concret.

À la maison, Henri veut faire ce qu’il veut, quand il veut, sans avoir de comptes à rendre. Le problème c’est que sa compagne Silvie semble vouloir tout contrôler.

Silvie veut de la relation avec Henri ; pas seulement de la communication. Elle veut éprouver un sentiment de connexion, de complicité. Bref, comme elle le dit souvent, Silvie veut faire couple. Plus Henri revendique son indépendance et plus Sylvie affirme son besoin de connivence. Au fil du temps la surenchère de reproches, de sommations et d’ultimatums les plus invraisemblables a conduit ces partenaires dans une situation de guerre des tranchées. Pour défendre leurs positions et assurer leur sécurité dans ce climat de conflit permanent, les deux tourtereaux se sont métamorphosés en frères ennemis.

Mais Henri est plutôt satisfait de la situation actuelle. Il serait plus juste de dire que Henri n’est pas suffisamment insatisfait de la situation actuelle pour envisager de la changer. Seule Silvie souhaite un changement.

Leurs proches se rendent bien compte que si ces deux partenaires ne se donnent pas la peine de concilier leurs légitimes aspirations, alors ils risquent de compromettre l’avenir de leur relation…qui est déjà bien entamé. Malheureusement, le jeu de pouvoir que chacun met en place pour défendre ou exiger ses droits est toujours un jeu perdant-perdant pavé de souffrances.

Au boulot, Henri est ce que l’on appelle communément « un loup solitaire ». Il est très efficace professionnellement. Ses résultats personnels sont impressionnants mais il n’aime pas travailler avec les autres. Les autres il ne les tolère que s’ils travaillent pour lui. Fervent adepte du « chacun pour soi », il éprouve un énorme sentiment de fierté à chaque occasion qui lui est offerte d’exhiber ses performances individuelles. Sa philosophie, sa façon de considérer les autres, ses comportements ont fini par intoxiquer l’atmosphère de travail. Pour triste conséquence de cette pollution endurée, une sauvage compétition interne est devenue une condition nécessaire à la survie des employés.

Lorsqu’il est à la tête d’un projet, ne comptez pas sur Henri pour qu’il s’emploie à développer l’équipe. Pas question non plus pour qu’il serve de mentor vis-à-vis de collègues moins performants. S’il n’aime pas tendre la main, il répugne tout autant à recourir à quelque forme d’assistance que ce soit.

Régulièrement récompensé par sa hiérarchie, son excellent niveau de performance lui a fait gravir les échelons au sein de la société.

Mais la société dans laquelle Henri a ainsi évolué pendant 15 ans vient d’être rachetée par son principal concurrent. On peut en déduire que les méthodes de travail de cet ancien compétiteur sont plus efficaces car elles génèrent des flux financiers qui lui permettent de réaliser des opérations de croissance externe. Tout naturellement, le nouveau comité de direction souhaite « harmoniser » les méthodes de travail en combinant les forces des deux entités et surtout en réduisant leurs faiblesses. Parmi celles-ci figure la culture managériale de l’encadrement de la société où Henri a jusqu’alors prospéré. Pour assurer à la fois sa sécurité matérielle et sa sécurité affective, Henri doit maintenant relever un nouveau défi : changer d’attitude.

Quels conseils donneriez-vos à Henri, à Silvie, à son nouveau DRH pour les aider à réussir à coup sûr cette transformation sans que ce soit au détriment des autres ?

Pour vous aider nous avons résumé ci-dessous les situations de Henri et de Silvie dans une carte des polarités.

Cette carte illustre un processus qui se développe irrémédiablement dans toute situation relationnelle. À chaque fois que nous sommes à l’aise avec une compétence particulière (ex : « je fais ce que je veux »), nous l’utilisons de plus en plus et nous finissons par la surinvestir…à tel point que cette compétence finit par nous coûter plus qu’elle ne nous rapporte. On s’aperçoit que, quel que soit le protagoniste, l’évolution de ses compétences (Indépendance ou cohésion) le fait basculer, à terme, entre développement personnel et délitement personnel.

Nous vous invitons à prolonger cet article via la zone commentaire (ci-dessous), en nous proposant vos réponses aux problématiques évoquées par l’auteur.

Dino Ragazzo

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