Techniques de l’Ingénieur : Quelle est la position de la France sur le marché mondial de la sous-traitance ?
Sylvie Foum : Aujourd’hui en France, 25 % de la production est destinée à des clients étrangers, tandis que notre pays importe le quart des ses besoins de l’étranger. En 2009, la chute du marché de la sous-traitance européenne a été estimée à 25 %. Ce chiffre est de 22 % en ce qui concerne directement le France, en termes de chiffre d’affaires. Il y a donc des conséquences en termes d’emploi, mais aussi en termes de perte de savoir faire.
Quelle a été l’impact de la crise sur les entreprises françaises de la sous-traitance ?
On estime que 1800 entreprises de sous-traitance ont disparu à cause de la crise de 2009. Celles qui restent sont soit celles qui ont réussi à prendre la vague de l’innovation, soit la vague de l’internationalisation. Celles qui ont choisi l’innovation ont su développer des savoirs faire, souvent en coopération avec leurs clients, et se sont mises sur des créneaux de spécialisation qui les ont rendu compétitives et partenaires avec leurs clients. Les entreprises qui ont choisi l’internationalisation sont allés implanter des filiales dans les pays émergents, ou alors ont accompagnés leurs clients qui eux-mêmes ont délocalisé leurs usines.
Comment ont fait ces entreprises pour éviter le naufrage en 2009 ?
Celles qui ont résisté sortent plus aguerries de la crise. Celles qui ont résisté sont celles qui se sont concentrés sur leurs fondamentaux. Ces entreprises ont épuisé toutes les solutions en termes de chômage partiel, technique. Ces entreprises qui ont su résister à ça sont aujourd’hui en ordre de marche, et sont là au Midest. Ce sont avec ces entreprises que l’on regarde vers l’avenir.
Les relations entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants ont elles évolué depuis cet épisode ?
Il faut absolument que la sous-traitance arrive à travailler de manière partenariale avec les donneurs d’ordre. C’est un enjeu fondamental pour l’Avenir de la sous-traitance : il faut qu’il y ait une reconsidération de la relation entre les « donneurs d’ordre » et les « preneurs d’ordre », car cela a toujours constitué un problème en France. Mais les choses semblent aller dans le bon sens. La crise a montré qu’une coopération plus étroite en tre les donneurs d’ordres et les entreprises de la sous-traitance permettaient aux acteurs de travailler plus efficacement et de mieux gérer les moments plus difficiles.
La problématique énergétique touche toute l’industrie. Comment s’illustre t-elle au niveau des industriels de la sous-traitance ?
Les sous-traitants sont très concernés par ça, de manière directe et indirecte. Plus vous êtes une PME, plus vous ressentez la pression due à l’environnement et à l’énergie comme une sanction. Vu le prix de la matière première dans les usines, ce sont aussi les premiers à être concernés par cette révolution. Beaucoup d’entreprises en profitent pour réaliser des économie. Cela nécessite de la formation, de l’information. Cela coûte de l’argent au départ également, de faire appel à des compétences extérieures, mais le résultat est souvent positif. La deuxième chose, pour l’industriel, c’est la nécessité d’être aux normes, pour pouvoir respecter les cahiers des charges imposés par les donneurs d’ordre. Nous envisageons l’année prochaine de créer un espace dédié, en collaboration avec l’Admet, pour marquer l’impact des problématiques environnemental.
Comment les progrès des TIC influencent-ils le marché de la sous-traitance ?
Les TIC ont pris une importance considérable, à deux niveaux : on a une plus grande ouverture du marché, grâce au sourcing par internet. Il s’agit déjà d’une donnée fondamentale. Ensuite, les progrès informatiques permettent aussi des applications de plus en plus informatisées, monitorisées. Aujourd’hui, un sous-traitant doit absolument s’informatiser pour pouvoir travailler avec des clients sur des développements de nouveaux produits. L’informatisation est également un facteur important à plus long terme pour la sous-traitance, pour pouvoir travailler en anticipation sur les cahiers da charges clients.
Cet article se trouve dans le dossier :
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