Aujourd'hui, l'évolution des réseaux électriques est nécessaire pour y intégrer les énergies renouvelables. Regis Le Bars, Responsable Programme Investissements d'Avenir Énergies Décarbonées à l’ADEME, nous parle de cette évolution nécessaire et des moyens dont l’agence dispose pour appuyer la transition vers le smart grid. Interview.
Instantanés Techniques : Parlez-nous du Fond démonstrateur de recherche piloté par l’ADEME ?
Régis Le Bars : Le Fond démonstrateur de recherche était un outil de financement de la R&D issu directement du Grenelle de l’Environnement. Il a été doté en 2008 de 325 millions d’euros, destinés à financer des démonstrateurs de recherche dans le cadre des nouvelles technologies de l’énergie. Dans le cadre de ce fonds, il y a eu deux appels à manifestations d’intérêt portant sur les smart grid. Le principe est le suivant : L’ADEME pilote une feuille de route avec des experts nationaux pour essayer de déterminer des scénarii de développement à 2050 pour le facteur 4, et à 2020 pour le 3×20, pour une thématique donnée, et identifie des besoins de démonstrateur de recherche.
Comment cela se passe, concrètement ?
Les experts identifient à partir des scénarios précédents des besoins de recherche et par delà des besoins de démonstrateurs. L’ADEME publie alors un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Les investissements d’avenir, issus du Grand Emprunt et gérés par le CGI (Commissariat Général à l’Investissement), pour lequel l’ADEME est un opérateur, ont pris le relai du Fond démonstrateur de recherche à l’été 2010. Dans cette approche, l’ADEME est opérateur de différents programmes (véhicules, énergies décarbonées…) à hauteur de 2,8 milliards d’euros. Dans cette liste, le programme de développement de l’économie numérique recouvre un volet « réseau électrique intelligent », instruit par l’ADEME, et doté de 250 millions d’euros. Le principe reste le même, il y a des feuilles de route mises à jour régulièrement, et avec l’accord des Ministères de tutelle (Industrie, Recherche et écologie) et du CGI, l’ADEME publie des appels à manifestation d’intérêts, instruit et finance des projets.
Qui peut répondre à ces appels ?
Tous les consortium d’industriels, laboratoires publics, peuvent répondre à ces projets d’innovation. Il s’agit de mener pour chacun des activités de R & D complémentaires, pour réaliser in fine des expérimentations innovantes sur les réseaux électriques intelligents. Dans les mois prochains, l’ADEME devrait publier des nouveaux appels à manifestation d’intérêt qui porteront sur différents aspects des smart grids (intégration des énergies renouvelables intermittentes sur les réseaux électriques, et la gestion de la MDE (Maîtrise de la Demande d’Énergie) en aval du compteur électrique…
Quelles thématiques liées aux smart grids sont concernées par ces appels à manifestation d’intérêts ?
Les appels à manifestation d’intérêt touchent aussi bien le réseau de distribution, l’intégration sur le réseau des énergies renouvelables, le stockage, concentré au niveau du réseau mais qui peut être beaucoup plus diffus dans le cadre du résidentiel et du tertiaire. L’objectif final est de préparer les réseaux électriques du futur et d’imaginer des plans d’affaires pour tout ce qui est agrégation, de tester les incitations tarifaires que l’on va proposer aux consommateurs…
Avec quel objectif final ?
L’objectif est d’aboutir à des démonstrateurs à une échelle plus représentative d’un usage réel afin d’expérimenter des projets allant au-delà des modèles théoriques, ou des expérimentations réalisées à une échelle très réduite et non représentative d’un réseau électrique à l’échelle du territoire. Maintenant, il s’agit de faire des expérimentations à une échelle beaucoup plus large, pour pouvoir en tirer des conclusions pertinentes, avant de passer aux applications à grande échelle.
Quels sont les freins persistant en termes de recherche ?
Aujourd’hui, on sait intégrer localement du photovoltaïque, mais avec des taux de pénétration qui sont très faibles. Le problème vient du côté fluctuant de la production, avec des facteurs influents sur cette production qui varient selon l’énergie renouvelable concernée. Il ne s’agit pas de freins techniques à proprement parler, mais des problématiques complexes à régler entre équilibrage du réseau, maîtrise de la demande au regard de l’offre disponible, les plans d’affaires à inventer pour les différents acteurs…
Est-ce que l’utilisateur final a un rôle à jouer dans cette démarche ?
Le consommateur est au centre des réflexions, notamment au niveau tarifaire. Pourra t-on inciter les consommateurs, avec des incitations tarifaires, à surveiller sa consommation aux heures de pointe, voire à modifier son comportement pour limiter le recours aux énergies carbonées lors des périodes de pointe sur le réseau ?
Propos recueillis par Pierre Thouverez
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