Pour les Techniques de l'Ingénieur, Diane Dessalles-Martin de Ingénieurs et Scientifiques de France, donne son avis sur la situation des femmes ingénieurs en France. Diane Dessalles-Martin est diplômée de l’Ecole Polytechnique et de TélécomParisTech et a passé 30 ans de carrière en tant qu’ingénieure en sciences de l’information.
Quelles sont vos missions au sein d’IESF ?
À IESF, je suis au conseil d’administration et j’ai la casquette diversité-mixité. J’assure des réflexions autour de la diversité dans les métiers d’ingénieurs et scientifiques.
Qu’est-ce que l’association Femmes Ingénieurs ?
Femmes Ingénieurs fait partie du réseau IESF qui est en réalité une association d’associations. Il regroupe les associations des anciens élèves d’écoles d’ingénieurs, des Femmes Ingénieurs et des diplômés d’université qui ont des métiers semblables au métier d’ingénieur dans les entreprises. Femmes Ingénieurs répond à plusieurs objectifs dont celui de faire connaître le métier d’ingénieur au féminin afin d’attirer plus d’étudiantes vers les formations d’ingénieur. L’association encourage les femmes ingénieurs dans la gestion de leurs carrières et leur assure une meilleure représentation auprès des pouvoirs publics.
Quel est votre avis sur la situation des femmes ingénieurs en France à l’heure actuelle ?
De nos jours toutes les écoles et les cursus sont mixtes. Il faudrait arriver à garantir un cursus de carrière équivalent à celui de nos collègues masculins.
Il faudrait savoir prendre en compte la parentalité dans la vie de l’entreprise : que ce ne soit pas considéré comme un frein ou un manque de disponibilité, y compris pour les papas. On peut avoir des a priori en se disant qu’une femme enceinte ne va pas dédier tout son temps à son travail parce qu’elle risque d’avoir des responsabilités familiales. Il s’agit d’une discrimination. Si un homme émet le souhait de s’occuper de ses enfants, parce qu’ils sont malades ou autre, ce n’est pas forcément bien vu non plus. L’égalité des femmes passera aussi par la reconnaissance de la parentalité, y compris du côté des pères.
Ce message doit venir d’en haut et devrait être proclamé comme une valeur.
Pourquoi sont-elles moins nombreuses que les hommes ?
À mon avis, c’est une représentation mentale au moment des choix d’orientation : les maths et la physique, ce ne serait pas pour les filles !
Le métier d’ingénieur est mal connu. Les ingénieurs, et particulièrement les femmes ingénieures, doivent faire un effort pour communiquer l’intérêt et l’importance de leur métier.
Aujourd’hui, les jeunes filles ont peu de modèles féminins pour s’identifier.
La société, les médias doivent faire des efforts pour mettre en valeur des parcours, et en se montrant proactifs pour mettre en valeur des femmes.
Montrer que choisir une orientation scientifique n’implique pas un renoncement à la féminité. Comme toutes les femmes, une ingénieure sait rire, s’amuser, être jolie, être, le moment venu, une maman accomplie.
Faire des sciences devrait faire rêver. Le rôle des médias est essentiel et la qualité des médias de vulgarisation (journaux, radios, télévision, internet….) devrait aller dans ce sens. De plus, il faut encourager les jeunes filles à oser, à avoir de l’ambition.
Quelles solutions pour améliorer la situation des femmes au sein des entreprises ?
On peut élargir sur la place des femmes dans l’entreprise. Je pense que les réseaux de femmes, sont intéressants. Qu’il y ait des réseaux de femmes dans les entreprises permet d’échanger entre elles, de partager du vécu, d’être une force de proposition vis-à-vis de la hiérarchie ou des instances dirigeantes. Tout cela pour faire en sorte que les femmes soient prises en compte.
Qu’aimeriez-vous ajouter ?
Je conseillerais la lecture « les femmes ingénieurs – une révolution respectueuse » de Catherine Marry.
Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique
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