L'écran géant Idome forme une combinaison unique d'immersion 3D et d'interaction à plusieurs. Mais les dirigeants de Eon Reality ont conscience que, aussi impressionnante soit la machinerie technologique, elle n'avancera que si le contenu est abondant.
Dressé dans les locaux d’Eon Reality, à Laval, l’Idome est une grande voile blanche qui emporte le spectateur vers des aventures immersives plus spectaculaires que la moyenne. Ceci même quand il n’est pas en service…
Cet écran d’aspect toroïdal, fabriqué d’une seule pièce, mesure en effet 13,5 mètres de large sur 7 mètres de hauteur, pour une profondeur de 4,5 mètres. «L’angle de 140° qui en résulte correspond mieux à la vision utile de l’oeil humain, explique Yann Froger, président de Eon Reality France. L’effet stéréoscopique s’en trouve aussi amélioré.»
La vidéo enveloppante est produite par quatre vidéoprojecteurs de marque Barco, les images distinctes étant ensuite assemblées grâce à une technique de «edge blending». Les spectateurs sont alors amenés à porter des lunettes actives pour observer le relief 3D. Mais la vision n’est pas le seul sens sollicité. «La plateforme audio est complète et couvre tout le spectre à partir des infrasons » précise Yann Froger. Quant aux sièges, ils accompagnent subtilement le mouvement simulé à l’écran et renforcent les sensations.
Ce qui est toutefois unique au monde, ce sont les possibilités d’interaction à plusieurs. «Jusqu’à 24 spectateurs peuvent intervenir indépendamment et simultanément sur le déroulement de l’action à l’écran, ajoute Yann Froger. De cette manière, on peut former des équipes, challenger les utilisateurs à l’aide d’un divertissement interactif.» Ces spectateurs sont équipés d’une télécommande dont le repérage dans l’espace est assuré par infrarouge. Pour sauver les dauphins du méchant requin ou détruire les astéroïdes menaçants, ils appuient sur la gâchette.
Le contenu est le principal enjeu
Ce dispositif à vocation essentiellement ludique est une manière de promouvoir la réalité virtuelle et augmentée auprès d’un jeune public, des écoles de la région étant régulièrement invitées. Il permet aussi de tester des contenus de réalité virtuelle et, enfin, sert de support de formation à la VR and Innovation Academy, une école où des stagiaires de divers horizons apprennent les métiers de la réalité virtuelle. Il s’agit d’instaurer un cercle vertueux qui, notamment, fournira de la matière à des équipements tels que l’Idome.
Confondateur de Eon Reality, Dan Lejerskar ne dit pas autre chose : «l’enjeu, c’est le contenu. Nous recrutons même des game designers pour le créer.» Mais tout le monde ne pourra pas installer un Idome chez soi, c’est une évidence. «Tout ce qu’on voit sur cet écran, on doit pouvoir le voir sur celui de son smartphone» poursuit-il. C’est une phase de démocratisation qui requiert en parallèle de faciliter l’accès aux contenus RV/RA et leur création.
La plateforme de téléchargement Eon Experience répond à la première problématique et propose des applications toutes faites. Eon Creator AVR, pour sa part, permet de créer du contenu RV/RA à partir de bibliothèques de composants 3D et se destine particulièrement au marché de l’éducation. C’est peut-être l’occasion de rendre certains cours plus stimulants. Reste que la transition vers le numérique interactif en simple 2D, si l’on prend le cas des écoles françaises, n’est pas encore achevée, loin s’en faut.
Par Frédéric Monflier
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